En Europe, l’économie va mieux d’après la Commission européenne. Mais si tous les voyants sont loin d’être au vert, l’institution pointe des déséquilibres préoccupants dans de nombreux Etats membres. La France n’échappe pas à ce constat, en raison notamment de sa dette publique et de sa trop faible compétitivité.
Dans le cadre du Semestre européen, la Commission européenne s’est livrée à son exercice annuel d’évaluation des économies de l’UE. Cet outil, introduit en 2011 durant la crise des dettes souveraines, vise à coordonner les politiques économiques des Etats membres.
Selon cette radiographie, l’économie de l’UE devrait croître pour la septième année de suite en 2019, avec une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,5 %, et de 1,7 % attendus en 2020. Les déséquilibres économiques se corrigent, malgré l’incertitude persistante du Brexit, le ralentissement de l’économie chinoise et les risques que le nouveau protectionnisme américain fait peser sur le commerce mondial.
La Commission cite notamment la baisse du taux de chômage, qui s’établit à 6,6 % dans l’UE (son plus bas niveau depuis vingt ans), la baisse continue de la dette publique à l’échelle européenne depuis 2015 et un déficit public moyen de moins d’1 % du PIB.
Mais le quotidien fait savoir que dix Etats membres sont classés dans la catégorie des pays à « déséquilibres macroéconomiques », y compris l’Allemagne, pour ses excédents budgétaires et commerciaux massifs. Dans cette catégorie, se trouvent également « la Bulgarie, l’Espagne, la France, la Croatie, l’Irlande, les Pays-Bas, le Portugal, la Roumanie et la Suède ». La situation est bien plus préoccupante à Chypre, en Grèce et en Italie, qui sont classés parmi les pays souffrant de « déséquilibres excessifs ».
Dans le cadre de la procédure du Semestre européen, l’institution publiera ensuite « ses prochaines recommandations budgétaires pour les Etats membres de l’UE » . Mais seulement « fin mai, après les élections européennes », et ce afin de « ne pas interférer avec la campagne électorale ».
Concernant la France, le bilan de la Commission est contrasté.
L’économie française, loin d’être triomphante, présente une croissance en baisse. Après avoir crû de 2,3 % en 2017,l’activité n’a en effet progressé que de 1,5 % en 2018. Selon les prévisions de la Commission, le ralentissement devrait se poursuivre cette année, avec une croissance attendue à 1,3 % en 2019.
Deux principaux problèmes pèsent sur l’économie française, selon la Commission : la dette publique et une trop faible compétitivité.
La dette publique française représente 98 % du PIB. D’après les auteurs du rapport sur la France, l’une des raisons de cet état de fait est la part des dépenses publiques dans le PIB qui atteint en France 56 %, niveau le plus élevé des Etats membres de l’UE. La Commission estime que celle-ci pourrait être réduite, sans porter atteinte au modèle de protection sociale français, qu’elle juge efficace du point de vue de la réduction des inégalités, rapporte le quotidien.
Pour développer la compétitivité française, l’exécutif européen recommande notamment d' »améliorer la formation des travailleurs » afin de réduire le chômage et augmenter leur efficacité, mais également de « favoriser l’innovation pour que l’industrie soit mieux armée face à la concurrence ».
Néanmoins, « la Commission soutient toujours les grandes réformes du gouvernement Macron – fiscalité, travail, formation… – et estime qu’à moyen terme elles permettront d’améliorer le potentiel de croissance du pays ».