En entrant dans la galerie des Ponchettes, on pousse un rideau pour accéder à la salle. En fait, c’était une voile. Le visiteur se retrouve sur le pont d’un vieux voilier, d’un vieux gréement. La métaphore du bateau illustre parfaitement cette exposition.
L’artiste Adrien Vescovi est né en 1981 à Thonon les Bains, aujourd’hui il vit à Marseille. On comprend mieux ainsi son travail. Marseille est une porte entre trois continents : Europe, Afrique et Asie. Les couleurs sont celles du soleil, des épices, des couleurs.
On pourrait y voir l’expression de la théorie des climats. D’ailleurs ses toiles ont d’abord séjournées en Hollande, c’est une histoire de la peinture, les maîtres hollandais, puis l’artiste exploite l’âme de Marseille. Les cordages gisants sur le sol, les bocaux emplis de liquides de divers couleurs, les toiles tendues ou bercées par le vent, c’est le vieux port. Panisse n’est pas très loin !
Adrien Vescovi donne du mouvement, de la vie à son travail. L’œuvre est appelée à bouger, se transformer, évoluer. Les couleurs ? Mais elles vont changer, se patiner, moisir. C’est la lumière du nord , nous explique l’artiste, qui a patiné les tissus, le temps, son usure, son érosion, oui les œuvres sont vivantes ! La pluie, le vent, le soleil, la mer, le sel, l’air, tout cela va contribuer à modifier ces toiles, ces tissus tendus, pendus, exposés.
Adrien Vescovi parle d’un hasard dans l’évolution, le murissement de son travail, un hasard oui, mais un hasard apprivoisé ! L’artiste a jonglé avec les lieux, leur histoire, leur architecture. Alors le pont d’un voilier ? C’est une image, une métaphore résumant cette exposition où l’on s’imagine sans trop d’effort dans une voilerie.
Une exposition qui se poursuivra jusqu’au 8 septembre 2019. Des toiles exposées directement aux embruns, à l’air, au vent sont là, à la fois pour accueillir les visiteurs et montrer comment un tissu vieillit au contact de l’érosion du temps, une expérience, une performance renouvelée.
Thierry Jan