A l’occasion des 34è Journées du cinéma italien, une exposition° sur l’histoire de l’immigration italienne sera présentée à l’Espace Magnan: Ciao Italia !
L’immigration italienne en France reste à ce jour la plus importante. Dès la moitié du 19è siècle et jusque dans les années 1960, les italiens furent les plus nombreux dans l’hexagone à venir occuper les emplois crées par la croissance économique.
Aujourd’hui célébrée, leur intégration ne se fit pourtant sans heurts. Entre préjugés dévalorisants et regards bienveillants , l’image de l’italien en France se dessina sur un mode paradoxal et leurs conditions d’accueil furent difficiles.*
Nous avons demandés à notre collaborateur en charge de la rubrique Thierry Jan de bien vouloir revenir sur la situation à Nice et sa région.
A la fin du XIX° siècle, surtout après la chute du second empire, l’immigration italienne se développe sur la Riviera et à Nice. A la différence de la situation de l’autre côté de la frontière, ici il y a du travail. La côte d’azur est en plein essor. Aussi, venant de toutes les régions de la péninsule, les italiens immigrent. Ce sont surtout des piémontais qui choisissent notre région.
Les écrivains : Raoul Mille, Louis Nucéra, Alfred Hart, Max Gallo, vont nous conter les histoires, les sagas de ces familles ayant quitté leur village, leur campagne, leur terre pour venir ici à Nice pour y travailler. Il y a de nombreux chantiers : des constructions, des routes, des voies ferrées, des tramways, donc du travail. Cette première vague d’immigration sera, après la première guerre mondiale suivie par les réfugiés politiques fuyant le fascisme.
Ces italiens vont s’installer dans les quartiers populaires : Riquier, la vieille ville alors méprisée, les bords du Paillon, l’Escarène. Ces ouvriers, ces maçons, ces terrassiers, ces « braccianti » viennent ainsi d’une certaine façon, construire la ville moderne.
Sur le plan religieux les italiens sont également très présents. La chapelle des pénitents Bleus et la mission catholique italienne permet de poursuivre avec ces immigrés une œuvre de catéchèse, la plupart ne parlant pas le français. La culture est également très active avec les associations dont la Dante Alighieri.
A Nice les italiens ont leur consulat. Un édifice de style Art-Déco sur le boulevard Gambetta. Les italiens à Nice, en fait, c’est une longue histoire, parfois dramatique avec l’épisode de l’occupation fasciste en 1942, d’ailleurs le boulevard des italiens sera débaptisé en 1944. Cette immigration avait pour raison trouver du travail, les « braccianti » las d’être journaliers sans l’assurance du lendemain immigraient avec leur famille.
En France, à Nice il y avait du travail, des embauches. Le second empire a dynamisé la France. En dix ans Nice s’est métamorphosée. La chute de l’empire ne freine pas ce développement. L’aristocratie européenne vient sur cette riviera, bientôt la côte d’azur. Ces grands ducs, archiducs, princes, rois et même empereurs, un tsarévitch mourra à Nice, veulent retrouver le confort de leur palais. Plus tard à la fin du XIX° siècle, il y aura les Folies, chacun voulant une villa plus extravagante que son voisin.
Si ces édifices sont conçus par des architectes, il faut une main-d’œuvre pour les réaliser, les italiens sont réputés pour leur savoir-faire et appréciés pour leur travail. Les italiens, une immigration positive, intégrée, aujourd’hui partie peut-être la plus primordiale de l’histoire de la côte d’azur.
Thierry Jan