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22 novembre 2024

Enzo Gallet : « l’Europe est sous-représentée dans les médias »

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Suite aux résultats des élections européennes le 26 mai dernier, nous avons rencontré Enzo Gallet, Secrétaire général des Jeunes Européens – Nice, pour en discuter. L’association des Jeunes Européens rassemble des jeunes entre 18 et 35ans, désireux de promouvoir la construction européenne et de rapprocher l’Europe des citoyens.


 Quelle est la motivation première de l’association ? 

 Les Jeunes Européens est une association nationale, qui cherche à faire la promotion d’une Europe plus fédérale. On s’adresse particulièrement aux jeunes. On laisse aux citoyens le choix des idées à poser sur ce terme d’une «Europe plus fédérale». Nous, nous sommes pour une Europe plus forte, plus soudée et un nouveau pas dans la construction européenne. 

 Quelle est votre approche ? 

 Contre l’euroscepticisme, on encourage les gens à être plutôt euro-critique. On promeut ce que l’Europe fait déjà, que ce soit sur l’écologie ou sur l’université. En fait tout ce qui touche aux compétences de l’Union européenne et les subventions. Souvent, les gens n’ont pas conscience de son rôle. Parfois, on les invite à essayer d’imaginer ce que serait la France sans l’Europe. Donc, sans monnaie unique, ou sans les aides agricoles par exemple. C’est un exercice très difficile, mais qui permet de prendre conscience que, sans l’Europe, nous n’en serions pas là aujourd’hui.

Plusieurs mois avant les élections, vous avez réalisé une campagne d’incitation au vote ?  

 On a réalisé notre propre campagne, avec l’hashtag #MonVoteMonEurope à l’échelle nationale. L’idée c’est de lutter contre le premier parti de France qui est l’abstention. Notre message est simple : Si vous voulez changer l’Europe, alors allez voter. Avec 34 listes, j’estime que les gens avaient largement le choix d’une vision qui puisse leur correspondre. Ce combat contre l’abstention est plutôt réussi, avec 22% de votes en plus en comparaison de l’année 2014. On est assez fier. 

Comment traduisez-vous le fait qu’un citoyen sur deux ne se rend pas aux urnes ?  

 Je pense, à titre personnel, que l’Europe dans les médias est sous-représentée. Cela crée, pour beaucoup, un fort taux d’abstention et un désintérêt pour l’Europe. Il y a un manque d’information, on le voit d’ailleurs pour le scrutin qui a eu lieu dimanche. BFMTV s’est amusé à écrire un article où ils observaient les statistiques du deuxième tour des européennes 2019. On a encore du progrès à faire. On le regrette évidemment, mais on se donne un maximum pour communiquer un peu plus. Les médias en France ne parlent pas assez des gros enjeux, par exemple avec l’interdiction du plastique à usage unique. On l’a évoqué mais pas assez.

Êtes-vous surpris par le résultat des élections en France ?  
 
Au niveau des résultats, il y avait des sondages, et comme je fais des études de mathématiques, je connais la marge d’erreur. Nous savions que l’abstention serait moins forte qu’en 2014, mais il y a quand même eu des surprises. Pour Europe Écologie-les Verts par exemple, même si on anticipait le mouvement. Pareil pour le parti Les Républicains qui est descendu en dessous des 10%. Concernant le Rassemblement national en tête, les statistiques et les sondages le montrait déjà devant La République En Marche.

Au niveau du Parlement Européen, on peut s’attendre à un changement de la représentation des partis majoritaires ?  

Oui totalement. Pendant 40 ans, le PPE (Parti populaire européen) a été au pouvoir. Pour l’élection 2019, nous avons inversé la tendance de l’abstention et il risque de perdre la majorité au Parlement. Le groupe des centristes va être dissous au profit d’un nouveau et attirera peut-être les socialistes portugais et le parti démocrate. Celui-ci a fait un beau score en Italie. Il va y avoir de gros changements au Parlement.

La montée de certains partis sceptiques ou très critique va-t-il changer quelque chose au processus du Parlement ?

 Il faut noter que le Rassemblement national a fait un score inférieur à 2014. En plus de ça, lorsque le Royaume-Uni va quitter l’Union Européenne, le RN et LREM auront le même nombre d’eurodéputés. En Italie, par contre, le parti de Mateo Salvini a fait un score plus important. Au final, hormis pour la France et l’Italie, l’extrême droite n’est pas plus populaire qu’en 2014. De toute façon, s’ils gardent les mêmes habitudes, c’est-à-dire une tendance à la division, a priori ça ne posera pas trop de problèmes. Je ne pense vraiment pas qu’au Parlement Européen, les grands enjeux seront autour des partis d’extrême droite. 

À quel niveau seront les enjeux alors ?

 On observe quand même la domination du PPE par les eurodéputés allemands, on peut se demander si la situation ne va pas évoluer avec le nouveau groupe des centristes qui risque de devenir majoritaire. Je suis assez optimiste sur ce qui peut se passer au Parlement, on assiste à une déstabilisation d’une situation établit depuis 40 ans. En tout cas, notre association sera toujours là pour insister auprès des parlementaires, afin d’avancer dans la construction européenne et plus de fédéralisme.

N’est-ce-pas une contradiction que le Rassemblement national, un parti critique envers l’Europe, soit si représenté au Parlement ?

Nous aussi, nous avons une vision très critique de l’Union Européenne et de ses institutions. On aimerait que ça change, en tant que Jeunes Européens bien sûr. Si je suis engagé dans cette association, ce n’est pas pour faire de la politique mais pour promouvoir l’Europe. Maintenant, si le rassemblement National a des bonnes idées, on prend, et s’ils n’en ont pas, on sera critique. On le fait avec tous les partis, sans distinction.

On oppose souvent les lobbies et les eurodéputés, le rapport va-t-il changer, notamment en matière d’environnement, avec la présence accrue des écologistes ?  

 Je crois qu’au Parlement Européen on surestime beaucoup le pouvoir des lobbyistes. Effectivement, Bruxelles est le lieu où l’on en trouve le plus après Washington, mais ils sont très contrôlés, et on sait avec quels groupes ils vont échanger. Bruxelles est très strict par rapport aux Lobbys. Je pense que les Verts vont appliquer leur programme, et leur nombre induit un plus grand rapport de force. 

Quels sont les prochains gros projets européens ?

La liste Renaissance veut, dès la semaine prochaine, faire voter la Banque pour le Climat. On verra comment ça va se passer. Je pense que ça va être le premier grand projet de l’Union Européenne après ces élections.
 

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