L’année 2015 aura été pour la demande d’asile dans l’Union européenne un moment d’acmé. Rapportée à sa population, il est arrivé cette année-là à travers la frontière orientale de l’Union ou sur la rive nord de la Méditerranée, en proportion, plus de migrants qu’aux États-Unis : 2,4 millions pour 509 millions d’habitants contre 1,1 pour 320 millions aux États-Unis, soit un taux d’immigration de 4,7 e ‰ contre 3,4 e ‰.
Sur une période un peu plus longue, entre janvier 2014 et décembre 2018, ce sont plus de 4,5 millions de personnes qui auront sollicité l’asile, c’est-à-dire trois fois plus que les quatre années précédentes.
Le tout atteste que, contrairement à ce qui peut être dit parfois de manière critique, l’Union européenne n’est pas fermée et demeure une des plus grandes zone d’immigration du monde, une des plus attractive avec l’Amérique du Nord, du fait du bien-être social qui la caractérise. Mais cette immigration est inégalement répartie et de nature différente en fonction des pays.
Cette ouverture au monde se mesure à l’évolution des démographies. De la Suède à l’Espagne en passant par l’Allemagne, et même l’Autriche ou la Hongrie, les immigrés, c’est-à-dire les personnes nées étrangères à l’étranger[1] représentent entre 10 et 20% des résidents. Parfois beaucoup plus comme au Luxembourg (40%), parfois beaucoup moins comme en Finlande où à peine 2% de la population est immigrée.
Ces écarts résultent autant des besoins en main d’œuvre, passés et présents, que de la perception qu’ont les immigrés des perspectives offertes par les différents pays possibles d’immigration. C’est vrai pour les immigrations régulières, issues des passés coloniaux ou résultats différés des immigrations de travail avant leur fermeture progressive dans les années 1970. C’est vrai aussi pour les demandeurs d’asile. C’est ce qui explique les écarts dans les flux d’arrivées.
La volonté de rejoindre l’Europe du Nord, les pays de langue germanique ou la Grande-Bretagne est autant le reflet d’une générosité que celui d’un choix obstiné de ceux qui abordent notre continent. Elle explique que la Suède ait dû en une seule année prendre en charge 163 000 demandeurs d’asile, soit 1,7% de sa population, un record en Europe. Entre 2012 et 2018 ce sont 400 000 demandeurs d’asile qui ont atteint la Suède, venant en majorité de Syrie, d’Irak, d’Erythrée et d’Afghanistan[2].