A l’occasion de cet événement de l’histoire moderne , Patrick Mottard revient sur son voyage dans la capitale allemande et il nous apporte son témoignage de l’époque.
Après plus de 1600 kilomètres d’autoroute noyés par des pluies torrentielles dignes du sud-est des Etats-Unis, nous retrouvons la porte de Brandebourg avec son architecture quelconque et son quadrige un peu surfait. Pourtant, nous franchissons l’ouvrage avec une certaine émotion. Certes, celle-ci est moins exubérante que la dernière fois, quelques mois après le rêve éveillé de la chute du Mur, mais elle est toujours là, bien là. C’est que Brandebourg est le symbole de Berlin, et cette ville que je connais finalement assez mal est en fait la clé de voûte historique de ma vie d’homme comme elle est celle de toute une génération, ma génération. Ensemble nous avons connu un monde bipolaire que l’on disait dangereux mais qui finalement s’était révélé plutôt rassurant. Ensemble nous nous sommes enthousiasmés pour la fin brutale de ce système communiste si dévoreur de liberté tout en étant déstabilisés par la chute de ce Mur à l’abri duquel on avait bâti tant de certitudes. C’est donc avec la tendresse que l’on prête à sa propre histoire et à ses propres doutes que je me sens si proche de cette ville. Ich bin ein Berliner !
C’est à tout cela que je pense en regardant la jeunesse du monde déambuler joyeusement d’est en ouest et d’ouest en est, de la pelouse du Reichstag aux premiers arpents d’Unter den Linden. Et au milieu de la foule, je cherche sans trop y croire mon pote Damiel, l’ange des ailes du désir. J’aimerais tellement lui demander ce qu’il pense du Berlin d’aujourd’hui, lui qui finalement s’était si bien accommodé du Berlin d’hier. Peut-être aurai-je quand même le bonheur de le croiser avant la fin de mon séjour. Après tout, Berlin n’est pas à un miracle près.