On pouvait lire dans le Nice Matin* * qu’un dojo a été inauguré dans le quartier des Liserons à l’extrême est de la ville de Nice. Tous les élus, très contents d’eux, sont venus l’inaugurer en veillant, comme d’habitude, à ce que le quartier soit particulièrement nettoyé avant la venue du maire et ses adjoints. Le maire lui-même, Christian Estrosi, avait fait le déplacement pour cette occasion, la dernière fois qu’il était venu étant pour dénoncer le trafic de stupéfiants qui gangrène cette cité abandonnée de Nice.
Il n’y a rien à redire sur le discours que la maire a prononcé à cette occasion, discours construit autour des valeurs fédératrice du sport, auquel j’adhère totalement, il faut le dire.
Malgré tout, je pense que cette inauguration était une absurdité et je vais vous expliquer pourquoi.
Tout d’abord, et c’est la principale raison, c’est l’endroit qui a été choisi pour installer ce dojo, et en particulier le parcours pour y accéder qui me paraît être une aberration. Il a été installé à l’endroit où se situait auparavant l’association « Activités pour tous ». sauf que l’on ne peut pas y entrer par la route qui mon au Mont Gros. Il faut faire un détour et passer soit devant les 2 bâtiments (7A et 7B) pour aller dans la cour intérieure située en contrebas de la bretelle de l’autoroute, soit en passant à côté d’un jardin abandonné depuis de nombreuses années, non éclairé. Et c’est aussi l’endroit où s’effectuent les deals tous les jours.
Sérieusement, mettez-vous deux minutes à la place de ces parents, enverriez-vous vos enfants pratiquer du judo là-bas sachant que, pour accéder à la salle, vos enfants devaient passer tous les jours par ces points de deal ? Seriez-vous inconscients à ce point pour leur faire prendre le risque de « banaliser » dans leur esprit ce type de trafic ? Pire, prendriez-vous le risque de laisser un jour votre enfant se faire « recruter » dans ce business juteux ?
Si une telle absurdité a pu se réaliser, c’est parce que le projet a été conçu dans les bureaux de la mairie par quelques personnes qui n’ont pas daigné consulter au préalable les habitants du quartier – les premiers concernés il me semble ? – sur ce projet. En effet, les riverains n’ont même pas été informés de cette inauguration. Juste quelques uns l’ont été, le jour même. Même la seule association du quartier, Galice, n’avait pas été informée.
Enfin, il faut savoir que ce dojo a coûté environ 34 000 euros et que le bâtiment dans lequel il a été installé se situe dans un bâtiment qui sera détruit dans quelques mois ! N’y avait-il donc aucun autre endroit où ce projet aurait pu prendre tout son sens dans le temps ?
En conclusion, même si le projet en lui-même est louable, ce projet tel qu’il a été mis en œuvre relève d’une totale absurdité et d’une méconnaissance de la réalité du terrain.
Si nos responsables politiques prenaient le temps de réellement consulter les habitants d’un quartier avant de venir inaugurer en grandes pompes un dojo qui ne correspond à aucune demande, s’ils étaient réellement à l’écoute des électeurs (car il n’aura échappé à personne que cette inauguration tombe à 3 mois des élections municipales) cette inauguration n’aurait jamais eu lieu.
Pour ne pas terminer sur une note négative, venez écouter les habitants du quartier et emparez-vous des vrais problèmes qui pourrissent la vie de ces oubliés de Nice.
Fouzia Ayoub, association Nice au coeur