L’écrivain américain Mark Twain, connu pour ses citations , disait que » il est difficile de faire des prévisions…surtout sur le futur!!! ».
A la lecture du sondage La Tribune/Ifop – publié ce vendredi- on peut dire aisément et avec le consentement du même Mark Twain s’il était encore parmi nous- que ce n’est même pas la peine de faire des prévisions puisque le résultat sera net et clair: avec 50% des indications de vote et malgré les aléas propres d’un sondage ( ce qui compte ce sont les bulletins de vote comptés lors du dépouillement) Christian Estrosi est pratiquement certain de succéder à lui-même pour la mandature 2020-2026.
Lui, plus que Mark Twain, devrait lire Niccolo’ Machiavelli qui dans son oeuvre « le Prince » écrivait » De principatibus novis qui armis propriis et virtute acquiruntur » puisque , avec cette troisième élection il deviendra , de fait, le « seigneur » de la ville.*
En fait, si on analyse avec recul le résultat de ce sondage , une fois écartées les velléités plutôt téméraires de son rival Eric Ciotti , la voie est donc bien libre pour le maire sortant qui peut comptabiliser un bilan globalement positif de ces deux mandatures précédentes durant lesquelles la ville a beaucoup changée , et en mieux.
Bien sur, certaines réalisations peuvent donner lieu à des avis controversés mais , comment nier que Nice ( et la métropole qui donne de plus en plus au territoire la dimension d’ un « unicum » ) a bien avancée et dans la bonne direction suivant les standards internationaux?
De plus, en sa veste de candidat « libre » , Christian Estrosi n’a accepté que le soutien mais pas l’investiture de son parti, Les Républicains, et ce pour souligner le rapport direct avec les niçois, qui en bons identitaires ( la fanfare municipale ne joue pas Nissa la bella après la Marseillaise ?) , ont l’air d’avoir bien apprécié cette marque d’autonomie.
Pour la prochaine mandature, Christian Estrosi présente une stratégie ambitieuse, avec une vision, objectifs et priorités. Elle peut plaire ou pas mais elle est là.
Ce n’est pas le cas de ses opposants , confinés dans une critique de merles siffleurs , parfois motivée , mais sans une alternative réelle sauf la seule et simple énonciation de micro-mesures , pour la plus part de bon aloi, qui donnent l’impression de s’adresser aux habitants d’une co-propriété et non pas aux citoyens d’une ville-métropole.
Pour revenir au sondage La Tribune-Ifop, suivent dans les préférences le candidat d’extrême-droite Philippe Vardon – qui réussit à titre personnel une belle opération, se dépoussiérant de l’image de leader de Nissa Rebela pour assumer celle du référent d’un parti national dans la 5è ville-métropole de France . Son score actuel ( 17%) souffre d’une offre politique un peu datée (sécuritaire, anti-islamisme , identitaire ) qui a passé le pic de l’ après-attentats de 2015-2016 .
De plus la présence d’une liste de droite portée par Benoît Kandel (7%) qui fait valoir son identification avec une droite forte , héritière de l’électorat qui aurait du être celui d’Eric Ciotti , lui fait effet d’écran.
Côté gauche, la présence de trois listes antagonistes ne favorise pas l’impulsion d’ une dynamique mais entretien la confusion.
Les rivalités – même personnelles- entre les différents candidats font qu’on pourrait évoquer plus une compétition interne à la gauche qu’une volonté de joueur sur l’échiquier citadin.
La liste écologiste de Jean-Marc Governatori qui jouit d’un effet mode indéniable ( qui n’est pas vert- au moins à paroles- aujourd’hui ?) serait la mieux placée ( 13%) et la seule à pouvoir se maintenir dans un éventuel deuxième tour.
Les deux autres listes , celle civique « social-démocrate » de Patrick Allemand ( avec le soutien du Parti Socialiste) et celle « social-nationalise » de madame Mireille Damiano ( inspirée par le Parti Communiste) , à 7% toutes les deux , risquent sérieusement l’exclusion du Conseil Municipal , une fusion avec les écologistes au deuxième tour n’étant pas dans l’ordre des options probables.
On n’a pas parlé ni on parlera de l’absence à ce jour d’un candidat LREM , les deux auto-candidats ayant été abandonnés en rase campagne par les instances nationales qui – de plus- ne se sont pas encore exprimés au sujet d’une éventuelle candidature directe ou alliance ou soutien ou abstention . Tout cela donne l’idée de l’improvisation , d’un sketch digne de l’Opéra bouffe?
Aristote- qui affirmait que la politique est la chose la plus noble puisqu »il s’agit de gouverner les hommes- où est-tu ?
A -30 de la date du premier tour , telle est la situation. Si rien de substantiel se passera, Christian Estrosi peut déjà préparer l’équipe avec laquelle il gouvernera Nice pour les années à venir. Confiné son plus dangereux rival Eric Ciotti dans la périphérie de la politique locale, au Conseil Départemental, il pourra mettre en place les mesures-phare de son programme ( Eco-Vallée , végétalisation, plan d’urbanisme , culture avec la probable inscription au patrimoine mondial de l’Unesco et autres).
Il sera le « messire » de la ville …le baby Médecin aura ainsi dépassé l’aura de son mentor ( accidents judiciaires en moins).
Vu , qu’il ne devra pas trop s’occuper de ses concurrents – qui représenteront une opposition vivace ( on pourrait déjà savourer les futures empoignades avec Philippe Vardon) mais inoffensive au sein du Conseil Municipal – on peut espérer qu’il aura manière de mettre sur pied une équipe rénovée et de qualité ( quelques noms annoncés laissent bien espérer un bon cru) avec une significative présence de jeunes futurs cadres.
Doit-on lui rappeler qu’une des responsabilités prégnantes d’une classe dirigeante publique est celle de préparer ses successeurs dans la fonction ?