Lundi 24 février signifie lundi gras dans la rade de Villefranche-sur-mer. Jour traditionnel du combat naval fleuri dans la lignée du carnaval de Nice et des différentes manifestations azuréennes de l’hiver. Les pointus sont prêts, le public aussi.
Alors que le soleil irradie la rade de Villefranche en ce lundi gras, des milliers de curieux se bousculent déjà sur les quais, pour être au plus près de l’eau. Sur la rive d’en face, vingt barques traditionnelles : les pointus revêtent leur plus bel habit de fleurs. À bord du Saint-Agapit, Charles, Alice et leurs enfants se préparent à un combat naval fleuri sans merci, une tradition familiale et festive vieille de plus de cent ans. « Ce bateau à 50 ans, il était à mon grand-père qui paradait déjà avec à l’époque, aujourd’hui, avec mon mari, on perpétue la tradition », se réjouit Alice prête à décrocher les cordages.
Un hiver azuréen haut en couleur
Événement incontournable au doux parfum de printemps, le combat naval fleuri de Villefranche est intégré dans le programme du Carnaval de Nice. Sur la Côte d’Azur, l’hiver se vit en couleur, en fanfare et dans la bonne humeur. Son symbole : le mimosa, star du sud, il suscite l’excitation lors des batailles de fleurs iconiques de la région. Sur les flots, la manifestation prend une tout autre dimension, le temps d’un coup de rame, on en oublie la saison.
À l’abordage !
Les tambours réchauffent le port tandis que le canon retentit et les premiers pointus s’élancent pour un tour de parade. Les hommes et femmes en marinières retirent une certaine fierté de présenter leur embarcation décorée de la proue à la poupe, acclamés par une foule venue en nombre. Plus de 7 000 spectateurs, touristes et locaux s’impatientent de composer leur bouquet cette année. L’ambiance traduit un sentiment fort d’attachement à cette culture provençale ensoleillée et son patrimoine méditerranéen. « Maintenant, on lance tout ce qu’on a et on vide le bateau ! » s’écrit Charles à la barre, pour le plus grand bonheur des enfants, les bras déjà remplis de munitions. Et voilà qu’au deuxième tour la bataille navale à coups d’œillets et de mimosas fait rage, on dépouille les pointus de leurs attributs floraux. Presque les pieds dans l’eau, le public hèle les matelots pour recevoir le plus de tiges possible. Un spectacle aussi surprenant qu’amusant pour ceux qui découvrent la coutume pour la première fois.
Les bateaux reviennent à quai complètement vides. En tout, pas moins de 30 000 œillets, 600 kg de mimosa et 900 bouquets ont gagné les bras du public ou pour les plus malchanceux, flottent encore dans la rade de la citadelle.