Pour bien comprendre ce roman, il faut se situer dans son époque, en 1982. La France est dirigée par les socialistes, une gauche intellectuelle, bienpensante, une gauche caviar, des bobos parisiens.
Et à la même époque on a l’URSS dont les services secrets noyautent le monde occidental. Le décor étant planté on comprend mieux cet ouvrage où l’auteur nous démontre, nous décrit la désinformation, l’intoxication menée de mains de maître par le KGB.
Un dissident fabriqué pour dénoncer les vrais dissidents. Puis un manuscrit qui franchit d’une manière rocambolesque le rideau de fer. L’intelligentsia française tombe dans le panneau, des critiques eux aussi manipulés ou tenus par chantage font l’éloge d’un manuscrit qu’ils n’ont pas lu. Finalement le livre est édité, c’est un succès, succès lui aussi fabriqué. Le KGB tire sur le pianiste ?
Oui et non, Vladimir Volkoff démêle l’écheveau de cette histoire. Il y a les dupes, les manipulateurs, les chefs d’orchestre. Les services secrets créent un dissident, une victime et tout le monde tombe dans le piège tendu. Ce roman d’espionnage est une satyre de cette société parisienne, cette rive gauche, gauchisante par snobisme intellectuel et infatuée de sa supériorité arrogante.
L’auteur en 1982 nous évoque la création, voulue par l’URSS, d’un parti fascisant (bien sûr, ici c’est un roman) ce parti ayant pour but de saper les bases de la politique française, diviser pour régner.
Si aujourd’hui l’URSS s’est écroulée, c’est une idéologie qui a disparue, mais les russes sont avant tout des joueurs et même des champions d’échec. Sacrifier une pièce, attendre et être patient est leur mentalité, là Vladimir Volkoff nous le démontre avec brio, saurons-nous retenir la leçon ? Le Montage un livre bien actuel malgré ses quarante ans.