Alors que les candidats élus lors du premier tout des élections municipales du 15 mars, vont formaliser dans les prochains jours leur mandat de maire , et que un projet de loi est déposé à l’Assemblée nationale pour reprendre à zéro le processus dans les autres communes avec une prévision de deux tours, le 27 septembre et le 4 octobre, quelque 36 élus locaux et de maires de France lancent un appel pour la fin du « confinement démocratique » et l’organisation du second tour des municipales dès le mois de juin.
« Comment demander aux Français, qui malgré leur inquiétude se sont déplacés pour venir voter le 15 mars, de refaire un premier tour pour les communes concernées? », s’interrogent-ils.
Le Gouvernement attend l’avis de la commission scientifique pour prendre une décision sur ce sujet délicat avant la fin du mois.
Voici leur tribune publié dans le JDD de hier:
« La France affronte aujourd’hui une crise sanitaire, économique, sociale immense et d’une gravité exceptionnelle. L’incertitude électorale qui prive les communes de leur maire aggrave encore cette situation en entravant leur action pourtant indispensable au redémarrage de notre pays.
Bien que nous connaissions depuis peu la date d’installation des maires élus au premier tour, nous ne savons toujours pas quand aura lieu le second tour des élections municipales. Dès le début de la crise, les maires se sont imposés comme piliers de notre République en accompagnant leurs administrés au quotidien et en assurant la solidarité et la continuité des services publics. Mais aujourd’hui, alors que notre pays vient d’entamer l’étape cruciale du déconfinement, des millions de Français attendent d’avoir un maire, une équipe municipale et communautaire en place, capable de prendre des décisions capitales pour nos écoles, nos transports, nos emplois…
La démocratie ne peut pas être plus longtemps confinée, puisque ces politiques de soutien à la reprise d’une vie normale découlent des délibérations votées par nos assemblées locales. Par ailleurs, dans l’hypothèse d’une seconde vague épidémique à l’automne, comme le prévoient certains experts, nos établissements publics seraient bien plus efficaces s’ils étaient définitivement installés et stabilisés.
Le gouvernement a souhaité installer les équipes municipales élues dès le premier tour avant la fin mai et nous nous en réjouissons. Mais il envisage également d’annuler le vote du 15 mars des 4.816 communes restantes et de refaire deux tours à l’automne. Ce processus inédit est une profonde rupture d’égalité car le premier tour est un tout. Si c’était la solution retenue, il y aurait donc deux sortes de citoyens, ceux qui le 15 mars ont élu un maire et ceux qui se seraient déplacés pour rien.
Pour rappel, plus de 25,5 millions d’habitants vivent dans une commune concernée par le second tour. Il est donc impératif de clore cette séquence électorale dès que possible, avant la période estivale. On ne peut pas demander aux maires de rouvrir les écoles pour l’éducation et de les fermer pour les élections. La relance économique de notre pays ne pourra se faire que si les grandes villes et les intercommunalités ont la capacité de lancer des investissements publics indispensables.
70% de la commande publique sont réalisés par les communes et les intercommunalités. Elles sont le bras armé essentiel à notre économie et à nos emplois. Or, faute de tenir rapidement le second tour des élections municipales, il ne sera pas possible d’installer les exécutifs des communes et des intercommunalités avant la fin de l’été et par conséquent les mesures qui conditionnent le rétablissement de la croissance durable ne pourront être votées. 88% des intercommunalités sont en attente du deuxième tour pour installer définitivement leur assemblée délibérante, bloquant de fait leur capacité d’investissement.
Comment les Français accepteraient-ils des dépenses nouvelles engendrées par de nouvelles élections?
Comment demander aux Français, qui malgré leur inquiétude se sont déplacés pour venir voter le 15 mars, de refaire un premier tour pour les communes concernées? Comment le justifier auprès des milliers de bénévoles et personnels ayant participé à la tenue du scrutin? Comment les Français accepteraient-ils des dépenses nouvelles engendrées par de nouvelles élections, alors que ce financement serait bien plus utile pour compléter la prime dédiée aux personnels soignants? Sans parler de la perte de temps et d’énergie requise par une nouvelle campagne électorale, alors que la situation de notre pays exige une mobilisation totale. Ne transformons pas le confinement sanitaire en un confinement démocratique qui serait néfaste à l’avenir de la France et organisons le deuxième tour des élections municipales dès le mois de juin. »