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22 novembre 2024

L’Edito du Psy Nicolas Sarkozy et le religieux : « ni un athée stupide, ni un libertin irreligieux…

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jlv2007-3.jpgVivement critiqué en France, le discours de Nicolas Sarkozy au « Majlis Al-Shoura », le Conseil Consultatif d’Arabie saoudite, est probablement l’arbre qui cache la forêt. Ou pour forcer métaphoriquement le trait, le buisson qui dissimule les steppes ! Réduire l’expression de la pensée religieuse du chef de l’Etat à la seule phrase prononcée « Dieu n’asservit pas l’homme mais le libère » au point de l’accuser de sectarisme chrétien constitue non seulement une lecture erronée mais également injuste de son discours. Et ce, au moins pour trois raisons.

La première tient au lieu même où s’est déroulée cette intervention. Assemblée purement consultative, sorte de pépinière où sont placées de jeunes figures intellectuelles ou religieuses susceptibles de rejoindre un jour les arcanes complexes d’un pouvoir saoudien passablement usé, le « Majlis al-Shoura » représente en fait une « phase de mise en observation politique des futurs leader » selon l’expression amusée de l’un de ses membres. Le Conseil Consultatif n’en constitue pas moins une instance où peuvent être – prudemment – débattus des sujets qui intéressent le Royaume sans forcément engager la parole de ce dernier. Cadre propice aux débats, tenu toutefois par son environnement. Dans un pays qui puise en effet dans la Charia ses lois fondamentales et considère le Coran comme l’ultime révélation qui vient « clore » les deux précédentes – non sans conséquence hiérarchique valorisant le corpus mahométan -, la réflexion religieuse n’est pas toujours sereine. Invoquer, comme l’a fait Nicolas Sarkozy dans ces « lieux saints de l’Islam » et sans tomber dans le syncrétisme, les autres monothéismes, voire les autres croyances élargies aux philosophies plus rationnelles, sans jamais préjuger de leur statut, ni chercher à apprécier leur substrat, ne s’apparente guère à l’intransigeance inquisitoriale. Cette approche revêt, par surcroît, un autre mérite : elle encourage les autorités wahhabites à poursuivre une lecture plus interprétative du Coran, évolution amorcée par le Roi Abdallah depuis son accession au trône nonobstant les difficultés à vaincre de tenaces résistances dogmatiques.

Contrairement aux reproches qui lui sont adressés, le discours présidentiel, deuxième raison, s’écarte résolument d’une veine purement théologique, qui n’a pas lieu d’être comme le rappelle le locataire de l’Elysée, et s’oriente vers une forme, pourrait-on dire, de spiritualité si le mot n’était pas tant galvaudé de nos jours. L’universalisme revendiqué, sinon martelé, par le chef de l’Etat en constitue la principale articulation. Ce qualificatif d’ « universel », dont Nicolas Sarkozy a audacieusement voulu éclairer un passage du discours du Roi Abdallah à l’intention des Pèlerins du Hadj, dit bien ce qu’il veut dire : loin du sectarisme, débarrassé du dogme et insoumis à l’injonction, il propose ce qu’il y a de plus « éclairant » sur l’homme dans sa recherche d’absolu. Cette ligne du chef de l’Etat, prend involontairement des allures de « djihad » personnel…au sens d’un effort accompli sur soi-même. En témoigne le lapsus présidentiel lorsque Nicolas Sarkozy trébuche sur la phrase « en tant que chef d’un Etat qui repose sur le principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat… » dans laquelle il scotomise dans l’expression « préférence pour une croyance », le premier mot au profit du second… avant de se reprendre. Probablement se sentait-il plus en phase avec son « credo » lorsqu’il s’exprimait comme Chanoine de la Basilique de Saint-Jean-de-Latran. L’infléchissement contenu dans le discours de Riyad montre donc un chef de l’Etat soucieux de dépasser sa propre option religieuse au nom d’une fonction et du poids de son symbole.

On ne pourrait, troisième raison, trouver meilleure illustration de l’esprit de « laïcité » que son discours, juxtaposant toutes les religions, voire les croyances, sans qu’aucune d’entre elles ne puisse prendre le pas sur l’autre. Aucun « primus inter pares » des religions dans la République laïque, a en fait rappelé avec conviction le chef de l’Etat, si ce n’est le principe même de la laïcité, inaliénable garant de cette équité pour tous les autres. Et qui aujourd’hui ne réclame aucune prééminence pour lui-même. Pour ceux qui douteraient encore, si l’on dire, de l’œcuménisme du premier des Français, on relèvera, peut-être contre sa croyance personnelle, la qualité de l’accueil récemment réservé par l’Elysée à une délégation du Grand Orient de France, principale obédience maçonnique française mise à l’écart de la maçonnerie dite régulière par la liberté qu’elle accorde à ses membres de croire…ou de ne pas croire. Ce qui n’empêche pas les hauts gradés de cette association de revisiter des rites étonnamment christiques dans leur symbolisation.

Un chef de l’Etat sectaire accepterait-il de prendre l’engagement d’intervenir, dans les prochains mois et à leur invitation, devant les membres d’une telle assemblée ? Pour un soi-disant dogmatique, on ne saurait trouver personnalité plus conciliante.

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