Le travail sur l’espace et l’architecture, tels sont les fils conducteurs de l’exposition de Tatiana Trouvé présentée en ce moment à la villa Arson. Voisinant le travail d’autres artistes – Zoé léonard, américaine, Laurence Denimal, française, et Claire Fontaine, collectif d’artistes – celui de Tatiana Trouvé se distingue d’emblée. Elle est la seule à utiliser le côté labyrinthique de la villa Arson. Pas de sens unique donc pour apprécier les différentes installations. De manière inévitable, ce choix confère un certain côté énigmatique à l’exposition.
Car on est toujours dans ce domaine chez Tatiana Trouvé : un univers hybride, avec des œuvres à la fois mystérieuses et poétiques. Dans la villa Arson, l’artiste a choisi de présenter des installations à mettre en parallèle avec des « dessins », tableaux mêlant peinture et traits au fusain. Tatiana Trouvé y joue avec les perceptions et les échelles : une barre de danse, laqué noir, est placée à moins d’un mètre du sol, un ascenseur voit sa taille réduite pour devenir inaccessible à tout être humain. C’est ainsi chez Tatiana Trouvé : il faut prendre le temps de réfléchir, se laisser porter par ses installations pour tenter d’en comprendre le mystère.
Une œuvre unique, le Bureau d’activités implicites, réutilisé sans cesse
Arrivée en France au début des années 80, l’artiste a été marquée par le dédale de l’administration française. Elle en a fait son œuvre : le Bureau d’activités implicites (BAI), dont elle réutilise régulièrement des éléments pour créer de nouvelles installations. Aujourd’hui, le BAI est quasiment clos, mais la démarche de Tatiana Trouvé reste la même : les œuvres présentées à la villa Arson sont d’anciennes installations réutilisées et agencées d’une manière inédite.
Seuls six éléments ont été créés spécialement pour l’exposition. Par exemple, ces queues de billard corsetées de cuir noir et brûlées en leur bout, comme une allumette. Installées dans deux pièces opposées du labyrinthe, elles forment un fil conducteur à l’exposition. Tout comme ces fils de cuivre qui reviennent sur les dessins. L’artiste s’explique : « le cuivre est présent dans toutes les constructions, mais il est généralement caché. Dans mes dessins, je voulais le rendre apparent, le mettre au premier plan. »
Une chose frappe dans l’exposition de Tatiana Trouvé : l’absence totale des êtres humains sur dessins. Cela est lié à sa démarche d’artiste : elle cherche toujours à représenter une activité humaine, mais qui a eu lieu, ou qui va avoir lieu. Ainsi, dans la salle « minérale », elle dispose des plaques – semblables à celles des avocats ou médecins situées en bas des immeubles -, mais sans inscription. Ces plaques seront-elles gravées à l’avenir ? Ou ont-elles été effacées par le temps ? mystère…
Aujourd’hui à un tournant de sa carrière, Tatiana Trouvé souhaite s’orienter vers une nouvelle forme de création. « Je voudrais refaire tous les dessins de l’exposition, en les corrigeant. Et peut-être à l’avenir présenter une exposition uniquement composée de mes dessins. »
L’exposition est accessible jusqu’au 3 février tous les jours de 14 heures à 18 heures, sauf le mardi. Entrée libre.