Le problème on le connait et il revient à des périodes avec plus d’intensité suivant l’actualité du moment : c’est celui des migrations avec l’éternel débat entre la sécurité et l’humanité.
Bien naturellement, il est plus délicat à gérer là où il y a une frontière, comme celle entre Menton et Ventimille qui est un point de passage.
Très récemment le nouveau ministre de l’Intérieur Gérard Darmarin, après un entretien avec son homologue italienne la préfète Lamorgese, annonce depuis Rome la création d’une brigade spéciale franco-italienne qui sera placée sous commandement unique, dans la région frontalière Vintimille-la Roya-Menton; officiellement, en vue de traquer les filières de passeurs. Ce qui est qu’une partie du problème, bien plus complexe.
Mais les associations (voir la liste dans l’encadré) de défense des droits humains ne se contentent pas de la décision du Conseil d’État du 8 juillet : « la France viole le droit à la frontière franco-italienne » demandant une politique d’asile plus compréhensive des droits des migrants.
Ils dénoncent que depuis des années, les forces de l’ordre françaises se refusent à enregistrer toute demande d’asile dans ce territoire, et multiplient les pratiques illégales au quotidien (refoulements, non prise en compte de minorité, etc.)
La France a d’ailleurs été sévèrement condamnée par la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) le 2 juillet 2020 pour « traitement inhumain et dégradant » envers des demandeurs d’asile. En fait « d’humanité et de fermeté », la France privilégie de plus en plus la répression.
Un fait récent a ravivé la situation : le 1er août, le Gouvernement italien fermé le camp d’accueil de transit « Campo Roia » géré par la Croix-Rouge italienne, qui dépend du ministère de l’Intérieur : En ce début août, près de 200 personnes dorment déjà dehors, dans des conditions sanitaires déplorables, sans accès à l’eau potable, et avec des possibilités très réduites d’accès à un système de soins.
De ce fait, la France refoule actuellement 100 à 150 personnes, quotidiennement à Menton frontière basse : familles, mineurs… sont détenus dans les algecos de la PAF pont SaintLouis, sans distinction, ni aucune précaution sanitaire ; ceux-ci doivent souvent repartir à pied jusqu’à Vintimille à 10 km de là, quel que soit leur état de santé.
Pour les association , « le sens de cette double décision française et italienne sur ce territoire transfrontalier est limpide : l’invisibilisation et la criminalisation des personnes en quête d’une vie possible. C’est le même fondement politique criminel et barbare qui amène à immobiliser, pour des raisons administratives fallacieuses, les navires de sauvetage en Méditerranée comme l’Ocean Viking , ou à harceler les personnes migrantes dans le dénuement à Calais et ailleurs. »
Souvenons-nous de l’antienne du pasteur Martin Niemöller (1946) : « Quand ils sont
venus chercher… Je n’ai rien dit. / Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Un appel* est adressé » à toutes les personnes qui pensent encore qu’il ne saurait y avoir une « sous-humanité » en France, en Italie, en Europe, de signer cette pétition, de faire connaître autour d’elles cette situation, et de participer autant qu’elles le peuvent, financièrement, matériellement, ou par leur aide concrète, aux actions des organisations qui s’opposent à cette déshumanisation barbare, terreau d’une fascisation rampante de nos sociétés. »
Pour aller jusqu’au bout de leur action, toutes les organisations signataires demandent « instamment » :
– Un centre d’accueil de transit décent de part et d’autre de la frontière
– La prise en compte immédiate de la déclaration de demande d’asile par les forces de police à la frontière, avant la direction vers une plate-forme d’accueil de demandeurs d’asile
– L’utilisation des fonds publics pour privilégier l’hospitalité plutôt que la répression
– Une véritable politique d’accueil des exilé-e-s, impliquant les différentes instances politiques et la population en France, en France comme en Europe