A quatre ans des Jeux de Paris 2024, où en est la préparation de l’événement olympique et paralympique ? Le COJO est-il dans le temps ? La crise sanitaire a-t-elle ralenti sa belle allure ?
Après les sports, et avant le marketing et la gouvernance, place au dossier des sites de compétition. A coup sûr l’un des plus chauds du moment.
Ce qui a été accompli
Tout ou presque. En début d’année, le COJO (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques) Paris 2024 croyait bien avoir fait l’essentiel avec une carte des sites de compétition quasi complète, à quelques détails près.
Les organisateurs parisiens avaient même déjà choisi le spot de surf, la vague de Teahupoo à Tahiti, en Polynésie française. « La plus belle du monde », selon Tony Estanguet, le président du COJO. Un choix arrêté avant même la décision définitive du CIO d’inclure le surf aux Jeux de Paris 2024 comme sport additionnel.
Le dossier était bouclé. A la différence des Jeux de Tokyo, où la version définitive ressemble d’assez loin au projet initial proposé en phase de candidature, Paris 2024 pouvait se vanter de présenter une copie presque sans ratures.
Parmi les changements, annoncés pour l’essentiel dès le mois d’octobre 2018, le déplacement de l’Arena 2 (badminton, para-badminton et para-taekwondo) du sud de Paris vers la porte de la Chapelle, l’abandon du choix de la commune de Marville (Seine-Saint-Denis) pour le water-polo, ou encore la relocalisation du judo et de la lutte dans une structure démontable installée près de l’Ecole Militaire, non loin de la Tour Eiffel.
Mais la pandémie de COVID-19 a soufflé sur la carte des sites olympiques. Les certitudes d’hier ont valsé pour laisser la place à une forêt de points d’interrogation. Objectif annoncé des organisateurs : réduire la facture des Jeux d’au moins 10 %, soit environ 400 millions d’euros.
Ce qu’il reste à faire
Le COJO Paris 2024 n’a pas mis longtemps à réaliser que la crise sanitaire et ses effets économiques risquaient de le frapper de plein fouet. Il a entamé dès le printemps dernier une nouvelle « révision de projet ». Ses résultats devraient être connus à l’automne, voire au plus tard à la fin de l’année. Ils s’annoncent spectaculaires.
Tony Estanguet n’en fait pas mystère, le COJO ne s’interdira rien, sous réserve de respecter ses engagements : sobriété budgétaire, environnement et héritage. « Nous allons devoir envisager une évolution de la carte des sites afin d’assurer une meilleure mutualisation », insiste-t-il.
Le patron du COJO l’a expliqué le mois dernier, à l’occasion de la visite de Thomas Bach à Paris : « Nous sommes partis sur un concept à 70 % de sites déjà existants, 25 % de sites temporaires et 5 % de construction. Mais nous devrions pouvoir réduire le pourcentage de sites temporaires en nous appuyant encore plus sur des sites déjà existants. Les différentes options seront ouvertes pour les sites temporaires. Tous les territoires vont potentiellement être impactés. »
Le toilettage pourrait surtout toucher la Seine-Saint-Denis. Le site de volley-ball, prévu au Bourget, serait très menacé. Il pourrait être déplacé dans une structure déjà existante, à Roland-Garros ou au Parc des expositions de la porte de Versailles. Le stand de tir, annoncé à La Courneuve, pourrait lui aussi voir du pays. Une option provinciale est à l’étude, dans la ville de Châteauroux (Inde), au Centre national de tir sportif. Selon les informations du Parisien, la piscine temporaire de natation course, qui doit être installée en face futur centre olympique aquatique à Saint-Denis, pourrait elle aussi déménager. Le COJO étudierait la possibilité de la poser à Nanterre, près de l’Arena de la Défense.
Ailleurs, les options restent également ouvertes. Le cluster des sports urbains (escalade, basket 3×3, skateboard et breaking) annoncé à la Concorde s’écrit lui aussi au conditionnel. La carte de France des deux tournois de football, actuellement riche de 9 villes (Paris, Lille, Nantes, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nice, Marseille et Saint-Etienne), pourrait être réduite et perdre deux stades.
Effet prévisible de la volonté du COJO de tailler dans son budget pour coller aux réalités du monde d’après : les mécontents du premier tour se réveillent. Serge Lecomte, le président de la Fédération française d’équitation (FFE), a profité du climat ambiant pour rappeler son peu d’enthousiasme de voir les sports équestres investir en 2024 les jardins du Château de Versailles. Le dirigeant français milite désormais pour le Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher.
Tout était presque fait. Aujourd’hui, la copie est à revoir, dans ses grandes lignes comme ses plus infimes détails.