Samedi dernier, le record d’achat par carte bancaire a été battu avec le début des courses pour noël. Quelles conclusions en tirer ? Les français consomment-ils plus ? Vont-ils offrir plus de cadeaux ? Un petit tour dans les boutiques du centre de Nice et les commerçants sont unanimes : ils ne vendent pas plus. C’est seulement le pourcentage d’achat effectué par carte bancaire qui a augmenté. Entre 70% et 80% selon les magasins et les estimations des vendeurs.
Samedi a été un bon samedi mais pas exceptionnel. « Nous avons eu du monde, plus que d’habitude et plus que les samedis ordinaires. Mais on en espère plus ce week-end et la semaine des vacances », explique Fred responsable de la boutique Oxbow de Nicetoile.
Il émet un regret : « nous étions ouverts dimanche. Mais aucune communication n’a été faite sur cette ouverture. Du coup, l’affluence fut très moyenne, comme un jour de semaine. Le week-end qui vient, les clients viendront peut-être sur les deux jours. » Mercredi en fin d’après-midi, peu de bousculades dans les magasins. Trois se démarquent : Micromania, Virgin et la Fnac. Ils sont peuplés par des adolescents. Achètent-ils leurs cadeaux pour les fêtes ? Pas tous. « Le mercredi c’est notre promenade traditionnelle. Nous faisons le tour des rayons. Nous zyeutons. Nous écoutons les CD. Et puis, c’est clairement un hobby de fille. On se montre, on discute entre amies, on fait des rencontres aussi. Je n’ai pas encore réfléchi à ce que je vais acheter pour Noël. Je ferais au feeling », raconte Jessica, 16 ans, devant le rayon des DVD « nouveautés » du Virgin, accompagnée par ses copines Nadia et Kelly.
En plein cœur du Vieux-Nice, la rue de la Boucherie, aux alentours de 17h, est déserte. Quelques personnes. Des clients ? Non. Seulement les commerçants qui attendent désespérément. Ils discutent entre eux et notamment de la conjoncture actuelle. C’est le cas de David et Nicolas. David vend du prêt-à-porter, Nicolas de la céramique. Désabusés, à la limite de l’aigreur, ils tentent d’expliquer la désaffection de leurs boutiques. « Oui samedi effectivement nous avons eu du monde. Mais ce n’était pas exceptionnel. Depuis le début de la semaine, je ne vends plus rien. D’année en année, cela s’aggrave. Les Français ont moins d’argent. Ils dépensent moins. Et nous nous augmentons nos tarifs puisque les grossistes ont profité de l’Euro pour élever leur prix de vente », argumente David. Nicolas précise que « les italiens viennent moins. Ils sont la cible des pickpockets. Ils ne sentent plus en sécurité dans nos rues ».
Marilyse est une jeune vendeuse dans un magasin de produits fantaisies. Moins virulente que ses aînés, elle admet elle aussi que c’est très calme même si samedi a été une bonne journée. Son voisin Adel, vendeur à « Chez Tom et Léa », commerce d’accessoires de mode pour enfant tente une explication : « samedi, les italiens étaient en vacances donc ils sont venus sur Nice et pas forcément pour les achats de Noël. Les Français attendent peut-être les vacances scolaires qui débutent cette année une semaine avant les fêtes. » Il faudra attendre le 26 décembre pour savoir si les prévisions d’Adel s’avèrent exactes. Il faut le souhaiter pour tous les commerçants de la rue de la boucherie.
Vincent Trinquat