Au Musée de la photo Charles Nègre c’est un florilège des travaux de Gilles Pourtier qui est mis en valeur jusqu’au 22 novembre.
Diplômé de l’Ecole d’Arles en 2009, cet artiste de la région travaille à Marseille. Il a été exposé au FRAC de Marseille (le Sept off invite chaque année un artiste de la Région Sud est aussi sculpteur et peintre) et s’appuie sur le réel tout en s’interrogeant sur le point de vue qu’on a sur la photo.
Sa pratique se veut honnête, légère, sans mise en scène, dans son discours, sa prise de vue. Une galerie de portraits nous interpelle d’entrée. L’artiste s’attache aux petits détails, est sensible aux personnes qu’il croise dans la rue notamment lors d’un Carnaval en Martinique. Il s’intéresse aussi aux objets de la modernité, aux matériaux, aux textures qui peuvent donner à voir ce à quoi on ne s’attend pas. On remarque aussi les cadres ou les supports, volontairement anti précieux comme sortis parfois d’une photocopieuse avec les trames télégéniques du papier pour garder le médium photo flexible et adaptable. Il questionne la manière dont c’est montré dans le but de faire émerger un ressenti. On a ainsi l’impression de se trouver dans l’atelier avec des œuvres dans leur aspect brut.
Son passé de gymnaste d’un certain niveau lui permet de retravailler, de gratter le médium photo, de graver par dessus les photos d’origine des silhouettes. Une dernière série nous propose des scans de papiers pliés. Il questionne avec quel médium on va photographier : scan, basé sur un balayage ou photo. Avec des vitres pare balle d’une banque,donc très épaisses, qu’il a ramassées après le passage des gilets jaunes à Marseille, il applique la technique du rayogramme : poser des objets sous un agrandisseur et les projeter sur un papier directement, procédé très photographique et sujet lourd de sens. Une autre série nous donne à voir des granges qui s’effondrent, nous conduisant au thème de la fondation ; il met en perspective les structures de ces bâtiments comme les fondations de la photographie : les tirages s’usent, les bâtisses aussi. Enfin, des polaroïds sont également exposés.L’expo s’intitule «If I look hard enough into the setting sun».
Le Sept Off c’est aussi au 109, un commissaire d’expo, Julien Griffaud,du Collectif niçois Super Issue,appelé à choisir des artistes tant internationaux que locaux : 250 m² d’expo, des œuvres de 5 à 6 m de hauteur sur les longueurs de mur. L’expo s’intitule «Bifurcations» et traite de la photo retravaillée propre à nous faire sourire voire à nous déranger. Vence,partenaire depuis long, invite deux artistes, Patrick Tourneboeuf, photographe qui vient d’un collectif assez connu en France, Tendance floue et Laurent Gontier, cartographe, plasticien. Ils ont travaillé sur la ville de Berlin pour en produire un livre en accordéon, Leporello, haut de 42 cm,long de près de 8 m 80.Ce livre rare sera visible à la Galerie Basse Fontaine de Vence ainsi que les tirages de ce Leporello en plus grand. La Galerie niçoise Uni-vers-photo,autre partenaire, expose aussi Maxime Michelet et Tim Aspert qui se sont intéressés à l’univers queer et LGBT.
Quatre jeunes photographes sont également exposés à la Caisse d’Epargne Masséna, partenaire historique. Cette année, le thème pour postuler était de rendre compte de son histoire personnelle ou de suivre celle de quelqu’un. Un prix sera décerné comme chaque année. Une présentation des ateliers à l’image qui ont lieu dans les écoles aura lieu à la librairie de Camille Chrétien quartier du Port,les Ateliers illustrés : une édition cette année de 300 exemplaires, des photos de leur quartier de l’Ariane prises avec de appareils jetables.
Les organisateurs de ces évènements, Yowen Albizu-Devier et Orphée Grisvard-Pontieux ont pris le relais des deux fondateurs Robert Matthey et Jean-Claude Fraicher après avoir travaillé avec eux depuis la 16ème édition. C’est la 23ème cette année. L’idée d’Image satellite évoque le regard d’en haut, à l’heure des drônes, une image qui se promène sur toute la ville, une sorte de cartographie.
Roland Haugade