800 décès chaque année, voilà ce que représente, de manière certaine et au minimum, le suicide des jeunes de 15 à 24 ans en France. A priori, cela fait moins de la moitié du nombre de jeunes du même âge tués sur les routes, mais Guy Darcourt tempère cette analyse. « Le nombre est plus élevé en fait. Certains accidents, notamment des accidents de la route, sont en fait des suicides. De même, certaines conduites à risque – consommation exagérée d’alcool, de drogues, et toute consommation de drogues dures, représentent aussi, à leur manière, des conduites suicidaires. » Il dépeint ensuite, devant une assistance studieuse et attentive, le dénombrement du suicide de jeunes dans les différents pays d’Europe. Une observation s’impose alors : plus on va vers le sud, plus le nombre de suicides est réduit. Les pays les plus touchés sont les pays nordiques, les moins touchés sont la Grèce et le Portugal. « La luminosité joue un rôle », reconnaît Guy Darcourt.
Il pointe ensuite le paradoxe du suicide chez les 15-24 ans : plus de tentatives de suicide de filles, mais plus de décès de garçons. La différence se situe au niveau de la crise qui précède la tentative de suicide. « Ce genre de crise, qui a lieu pendant l’adolescence, arrive plus souvent aux filles. Par conséquent, les tentatives de suicide de filles sont plus nombreuses. Mais le cas des garçons est aussi très préoccupant : si moins de garçons connaissent cette crise pré-suicidaire, ils passent plus souvent à l’acte que les filles. Et ils utilisent des moyens plus violents – pendaison, arme à feu – pour mettre fin à leur jour. »
Guy Darcourt a fait part de son expérience de psychiatre à Nice, où il a été confronté à des jeunes ayant des tendances suicidaires. « Parmi les motivations qui reviennent pour passer à l’acte, il y a la culpabilité, le trouble de l’estime de soi. Mais le plus souvent, ce sont des pertes, deuils, abandons, violences subies au cours de l’enfance qui entrainent le passage à l’acte. » Il ajoute : « Pour l’entourage, il est toujours difficile d’intervenir avant le passage à l’acte. Car il y a une période de calme entre la crise et le suicide : le sujet a pris sa décision. »
Trouver une personne de confiance
La bénignité n’existe pas dans le cas d’une tentative de suicide. Une tentative qui n’a pas donné la mort rend le sujet plus fragile : le risque d’accident ensuite est beaucoup plus fort. Pour redonner le goût de la vie à une personne qui a des tendances suicidaires, il faut l’aider à « mettre des mots sur les maux », comme on le dit à SOS amitiés. « 2 attitudes sont à éviter, explique Nicole Dravet, l’abstention et l’intrusion. L’intention du suicide est souvent connue à l’avance. Il faut alors contacter un médecin, ne pas rester passif. Entrer en communication avec la personne est déjà une thérapie. » Si l’interlocuteur privilégié est souvent un médecin, un parent ou un ami peut remplir ce rôle. « Ce qui compte, c’est que le jeune est confiance en cette personne. Si celle-ci a aussi connu une crise semblable dans sa vie, la communication se fera plus facilement. »
SOS amitié : 04 93 26 26 26