Les autorisations d’utilisation seront données en urgence. Est-ce compatible avec la science ?
Plusieurs vaccins ont terminé ou sont en train de terminer la dernière phase de leurs essais cliniques. La prochaine étape sera l’obtention d’une autorisation par les autorités de santé pour une utilisation d’urgence. Or, pour beaucoup de scientifiques, cela pourrait poser un problème, car les laboratoires seront dans l’incapacité de produire suffisamment de données pour garantir la sécurité et l’innocuité de leur vaccin.
Le dilemme scientifique est ainsi posé : les autorisations devront être données car, la pandémie continue et il y a urgence, mais les données scientifiques notamment celles concernant l’innocuité du vaccin ne seront pas disponibles en quantité et en qualité suffisantes. Cette situation est une première dans le développement d’un vaccin.
Doit-on pour autant s’en inquiéter ? Normalement, il faut dix ans pour développer un vaccin. Ces dix années ne sont pas toutes consacrées aux recherches scientifiques ou aux essais cliniques. Non, beaucoup de temps est perdu dans les arcanes administratives, la recherche de fonds, de subventions, etc. Autant de tâches qui jalonnent le travail des chercheurs. Mais aujourd’hui, l’horloge du monde tourne au rythme d’une pandémie qui tue chaque seconde. Dans ce contexte très particulier, l’argent a coulé à flots.
Les États se sont précipités pour précommander des vaccins et apporter, en forme de coups de poker, des sommes considérables aux labos. De ce fait, les chercheurs se sont concentrés sur leur tâche principale. Ils sont allés très vite, ont mené leurs essais de front, dans des délais inédits, faisant preuve d’une capacité surprenante à innover ; parce que le monde en avait besoin, la nécessité étant la mère de l’invention.
La sécurité n’a pas été compromise, tous les essais sont passés par les « phases » ou processus corrects de tout médicament ou vaccin normal. Des centaines de milliers de personnes se sont portées volontaires et ont reçu un vaccin expérimental.
Les vaccins ne seront utilisés que si leurs avantages l’emportent clairement sur les risques.