Celui-ci l’invite à ne « pas laisser tomber les socialistes ». Celle-là l’incite à « poursuivre le combat pour plus de justice ». Celui-là assure qu’il a voté pour elle. Celle-ci voudrait juste faire son marché, mais la vendeuse est bien trop occupée à conter à Ségolène Royal son mécontentement face à la baisse du pouvoir d’achat. C’est dans une certaine ferveur que la candidate déçue à la présidentielle du printemps dernier, entourée de la tête de liste socialiste à la mairie de Nice Patrick Allemand et d’une batterie de sympathisants et de curieux, a entamé samedi matin l’escale niçoise de son tour de France des listes socialistes.
Pendant près d’une heure, l’ex-candidate socialiste, pas très volubile mais souvent apostrophée, a descendu le marché de la Libération. Clin d’oeil ? Il est en tout cas situé en plein dans la « circonscription du maire », terre électorale successive des Médecin, père et fils, de Jean-Paul Baréty et de Jacques Peyrat. Un secteur soigneusement quadrillé par les militants de toutes officines puisque, sur le chemin, le cortège croisera les troupes de Patrick Mottard puis de Christian Estrosi, armés jusqu’aux dents de tracts à la gloire de leurs candidats. « De bonne guerre », sourit un suiveur de « Ségo », qui craint cependant que Patrick Mottard « ne vienne essayer de se prendre en photo lui serrant la main ». Vaine appréhension.
Arrivée avenue Malausséna, la cohorte attrape un tram pour la place Masséna, histoire de rappeler que la gauche n’était pas opposée au principe. Tram à l’arrivée duquel, d’ailleurs, la présidente de la Région Poitou-Charentes a pu croiser… les militants de Jacques Peyrat, eux aussi les bras chargés de tracts.
« Une pagaille… »
Mais c’est bien un comité socialiste qui l’accueille forum Jacques-Médecin, où la sono crache « Changez d’air », le refrain de campagne de Patrick Allemand composé et interprété par deux de ses colistiers, Louis Pastorelli (Nux Vomica) et Sophie Duez. La comédienne qui le fredonne d’ailleurs micro en main quand Ségolène Royal, à peine arrivée, déjà chaudement ovationnée, s’en empare pour appeler à « changer d’ère. A mettre aux responsabilités des élus sérieux, qui s’occupent vraiment de nos problèmes ». Pêle-même: la hausse des prix, le coût de l’essence, les petites retraites, la baisse de la TVA, les franchises médicales, le bouclier fiscal, le logement, priorité n°1 du programme socialiste à Nice. Avant de parler carrément d’une « pagaille telle que la France n’en a jamais connue ».
Dénonçant « l’affairisme et les corruptions en tout genre » à Nice, elle a demandé que « cela cesse » et convié les Niçois à « faire confiance aux énergies diverses de la liste de gauche et de progrès, pour que Nice retrouve enfin le sens de la morale publique, de la justice sociale, de l’efficacité économique ». « Mobilisez-vous! », a-t-elle conclu devant un public acquis à sa cause et en pleine effervescence. Une effervescence qui donne des idées à la gauche niçoise. Un cacique dit en aparté : « Il y a deux mois, nous nous demandions comment faire une liste d’union. Aujourd’hui, on sent un rejet de la droite et un souffle nouveau derrière nous. On peut gagner ».