Les conditions dans lesquelles s’est déroulée lundi 23 novembre la manifestation Place de la République à Paris organisée par l’association Utopia posent question. 500 clandestins encadrés par des membres de l’association ont été évacués par la police. Utopia a-t-elle instrumentalisé la détresse des migrants comme l’affirme un expert de la sécurité présent ce jour-là ?
Les services de renseignement intérieur qui, pour l’heure, ont des difficultés à identifier, établir un «traçage » des redoutés casseurs les Black Blocs, ont cependant établi la dangerosité de certains mouvements de l’ultra gauche, anarchistes en lien avec des casseurs : « Il existe une certaine porosité entre ces individus et les Black Blocs », constate, de manière clinique, un policier de la DGSI.
Des progrès notables pour isoler les casseurs ont été enregistrés lors des manifestations du 12 décembre. La hantise de l’infiltration des manifestants par des éléments « incontrôlés» nous replonge au cœur de mai 1968. La rumeur évoquait l’action de policiers infiltrés dans les cortèges d’étudiants et qui agissaient sournoisement contre des manifestants. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu des dizaines de morts. Le préfet de police de Paris Maurice Grimaud a permis d’éviter le pire.
Des appels au meurtre de policiers
Les temps ont changé. Désormais, le slogan soixante- huitard « CRS/SS » est supplanté, sur internet, par des appels au meurtre de membres des forces de l’ordre. C’est une des raisons qui ont incité le pouvoir, dans l’article 24 de la loi sur la liberté de la presse, à exiger que les policiers ne puissent pas être identifiés en
raison du risque de représailles.
Dans l’immédiat le pouvoir doit restaurer l’image des forces de l’ordre qui sont à bout de nerfs. Alain Bauer, fondateur de l’Observatoire National de la délinquance, constatait déjà en 2019 « le pire bilan qu’on ait vu depuis des années ». « En deux décennies, les atteintes [outrages, rebellions, violences] aux personnes dépositaires de l’autorité publique ont crû de 60 %. »
Au-delà de la réécriture de la loi Sécurité globale, une refonte de la police s’impose. Réforme de l’IGPN, la police des polices ? Changement de vision en matière de maintien de l’ordre ?
Renouer le lien des Français avec la police
Le chef de l’Etat vient de charger le gouvernement de lui faire des propositions pour renouer le lien entre le pays et sa police. La presse, bien qu’elle n’ait pas été sollicitée, devrait participer à cette démarche sans se départir de son indépendance. Sans doute faudra-t-il rebâtir, avec des moyens suffisants, une police plus proche des citoyens. Et sans évoquer, avec nostalgie, la France des «gardiens de la paix » ou celle des hirondelles» chevauchant leur bicyclette en plein vent, force
est de constater que de nombreux Français souhaitent reprendre confiance en leur police.
J’ai pour ma part été témoin de la grande expérience de terrain d’un équipage niçois de police secours. Ces gardiens de la paix, qui côtoient la détresse humaine au quotidien, sont intervenus après le suicide d’un ami. Ils ont été remarquables d’humanité. C’est une image que je ne suis pas près d’oublier .
Paul Barelli, président du Club de la Presse06