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22 novembre 2024

Pour Renaud Muselier, l’autoroute bas carbone « répond à l’urgence climatique et environnementale »

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L’environnement et l’écologie politique ont pris une place incontournable dans le débat public. Parmi tous les secteurs où la transition écologique doit encore devenir la règle, la route a – et aura – un rôle majeur à jouer. Entre nouvelles infrastructures et révolution des comportements individuels, les pistes sont nombreuses.


« La route est un long ruban. Qui défile qui défile. Et se perd à l’infini. Loin des villes, loin des villes… », chantait Yves Montand dans les années 50. La légèreté était alors de mise. L’heure était aux congés payés loin de Paris, au transport de marchandises tous azimuts aux six coins de l’Hexagone. Sans compter. Mais les temps ont changé, l’urgence climatique a toqué à la porte. Avec le bonnet d’âne des secteurs émetteurs de CO2 (6% des émissions totales en France), le transport routier — voitures particulières et fret confondu — est maintenant au pied du mur. Sa révolution a commencé, avec l’essor des véhicules propres, électriques ou utilisant des biocombustibles. C’est maintenant à la route elle-même de se réinventer. Cela passera autant par des nouveautés technologiques que par le changement de certains de nos comportements. État, industriels et automobilistes doivent maintenant partager cette aventure commune.


Infrastructures : la révolution en cours

Côté infrastructures, la révolution de la route — et plus particulièrement de l’autoroute où les grands investissements ont lieu — se fera en deux temps. La première manche a débuté, avec de nouvelles installations. La seconde aura lieu plus tard, dans le sillage des programmes actuels de recherche et développement.

Les grandes manœuvres ont donc déjà commencé sur les 9 100km d’autoroutes françaises. Parmi les SCA (sociétés concessionnaires d’autoroutes), des grands noms du BTP français sont montés au créneau et investissent sur la route de demain. C’est par exemple le cas de Vinci Autoroutes (4443km de réseau) qui développe actuellement « >son concept d’autoroutes bas carbone. Ce programme s’articule autour de plusieurs axes : promotion de la mobilité électrique en multipliant les bornes de recharge, nouveaux parkings de covoiturage, aménagements environnementaux pour protéger la biodiversité, et collecte et valorisation des déchets autoroutiers. Des « >partenariats locaux montrent déjà de bons résultats comme c’est le cas en région PACA (présidée par Renaud Muselier) où Vinci verdit près de 900km d’autoroutes : « Les infrastructures de transports sont aujourd’hui plus que jamais au cœur des enjeux de mobilité, d’énergie et d’aménagement des territoires, argumente Pierre Coppey, PDG de Vinci Autoroutes. Ma conviction est que l’autoroute est l’infrastructure de transport d’avenir par excellence, dans la mesure où elle constitue, à travers des initiatives comme l’autoroute bas carbone, un formidable catalyseur pour accélérer la transformation des usages et permettre l’avènement de mobilités plus durables. » L’entreprise s’est ainsi engagée à réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici 2030.

Une volonté partagée par l’autre grand acteur du secteur autoroutier français, Eiffage, via deux de ses filiales, APRR et AREA (2323km au total). « Lucides et engagées, les concessions autoroutières participent activement à la lutte contre le changement climatique et déploient une stratégie bas carbone ambitieuse au service des mobilités, assure Ghislaine Baillemont, directrice Innovation, construction et développement chez APRR. Nous innovons avec l’ouverture fin 2020 de la première voie réservée covoiturage en France sur l’A48 à Grenoble. » Chez Eiffage, on mise surtout sur le développement du réseau de bornes de recharge très haute puissance (THP) destinées aux véhicules individuels. Sans ces installations, promues par tous les opérateurs autoroutiers, les automobilistes rechigneront encore à délaisser leurs voitures thermiques au profit de véhicules 100% électriques.


Changement de comportements : la révolution attendue

Les grands opérateurs ont donc tranché l’éternelle question de la poule et de l’œuf : pour permettre les changements de comportements individuels, la solution est de mettre en place les installations dont les usagers ont besoin au quotidien. Pour aller encore plus loin, la stratégie multimodale de Vinci incite les automobilistes à inclure leurs trajets en voiture dans un « >mix de transports, entre covoiturage et connexion aux réseaux de bus ou ferrés. « Notre objectif est de favoriser les échanges multimodaux, explique Christophe Hug, directeur général adjoint maîtrise d’ouvrage chez Vinci Autoroutes, et de proposer de nouvelles solutions pour lutter contre l’autosolisme (ndlr: le fait d’être le seul occupant de son véhicule) et faciliter l’accès des grandes couronnes aux hyper centres et aux services qui y sont associés. Nous travaillons par exemple à de nouveaux aménagements dans le sud parisien avec le développement d’un pôle multimodal à Longvilliers. » Là-bas dans les Yvelines, une nouvelle gare routière accueillera plus de 250 véhicules pour favoriser l’utilisation du réseau de bus vers la capitale et les gares RER d’Orsay-Ville et de Massy-Palaiseau. Un changement de pratique qui permettra surtout aux Franciliens de ne plus perdre des heures dans les embouteillages, tout en utilisant davantage de moyens de locomotion collectifs et propres.

La révolution en cours poursuit également un autre objectif que chaque opérateur considère comme indissociable de la mobilité durable : la sécurité routière.

En 2018, « >l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière a attiré l’attention des opérateurs autoroutiers : « Depuis 2010, la mortalité a augmenté́ de +5% sur autoroute et a plus baissé hors agglomération (-23%) qu’en agglomération (-15%) » Depuis, les campagnes de sensibilisation, visuelles et audio, se sont multipliées sur les voies rapides. À l’instar de l’autoroute bas carbone en région PACA, d’autres opérations pilotes promeuvent la sécurité des automobilistes, comme celles menées par Colas, une filiale du groupe Bouygues. Leurs noms : Anaïs et Flowell. La première — qui a reçu le trophée innovation 2019 de la Sécurité routière — consiste en un système de collecte d’informations mobiles relatives au « >comportement des véhicules sur la route. L’analyse en temps réel permet ainsi de prévenir des accidents et d’informer l’opérateur des aménagements éventuels à faire sans tarder. Le second — Flowell – est un marquage au sol, lumineux et dynamique. « Colas s’attache à exercer ses activités industrielles de façon responsable, en particulier en termes de sécurité et de préservation de l’environnement (économie de ressources grâce au recyclage notamment, biodiversité, limitation des nuisances) », explique Frédéric Gardès, directeur général de l’entreprise, pour qui sécurité et environnement vont de pair.


Autoroutes « bio » : la révolution à venir

Outre les nouveaux aménagements facilitant les comportements individuels, les opérateurs autoroutiers développent de nouvelles façons de concevoir la route elle-même, à commencer par l’asphalte, habituellement remplacé tous les dix ans. Comme de nombreux secteurs industriels, les sociétés autoroutières multiplient leurs capacités de recyclage des matières premières pour valoriser leurs déchets. Tous les ans, le rendez-vous des « >Journées Techniques Route (JTR) donne le ton des dernières avancées en la matière. Avec, en arrière-pensée ces cinq dernières années, l’objectif de réduire drastiquement « >la facture énergétique de la route et de la transformer en producteur d’énergie.

En 2019 par exemple, Eurovia– une filiale de Vinci – a conçu « >le premier tronçon 100% recyclé. Une initiative saluée par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) lors de « >son appel à projet baptisé Routes du futur. L’expérience a été tentée près de Bordeaux, et <a href= »« >le principe fonctionne à merveille, comme s’en réjouit Jean-Pierre Paseri, alors directeur général d’Eurovia France dans les colonnes du Monde : « C’est une première mondiale. Grâce à cet outil unique, nous sommes capables de produire un enrobé classique totalement recyclé. »

Ces « routes du futur » ont également mis en avant d’autres innovations, comme la mise au point de nouveaux matériaux destinés à remplacer, à terme, ces enrobés issus de l’industrie pétrochimique. C’est le cas par exemple de nouveaux revêtements fabriqués à base d’algues capables de s’autoréparer. Près de Montpellier (région Occitanie présidée par Carole Delga), une autre expérience a été menée avec succès pour la rénovation d’un tronçon d’une départementale, en utilisant « >des déchets de pin. L’idée d’un revêtement végétal est également développée par Eiffage avec son bitume vert baptisé « >Recytal Arm qui est beaucoup moins gourmand en énergie, de sa conception jusqu’à son utilisation. Et la liste des innovations françaises est encore longue, de la Power Road, « >la route à énergie positive d’Eurovia à Wattway, « >la route électrique conçue par Colas. La route du futur se pense donc aujourd’hui, pour les usages de demain. Comme tous les pays signataires de l’accord de Paris, la France s’est engagée vers le « zéro émission carbone » d’ici 2050. Et se mobilise pour que la route apporte toutes les contributions possibles.

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