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26 novembre 2024

Bruno Della Sudda répond à Sian d’Aqui

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jpg_sian-daqui-della-sudda.jpg Sian d’Aqui : Quelles actions comptez vous mener en faveur du retour de la cour d’appel ?

Bruno Della Sudda : Nous sommes pour tout ce qui peut faciliter la vie du justiciable.
Et donc pour une cour d’Appel à Nice.
Mais la droite elle-même a déjà fait ce qu’elle a pu en ce sens (et probablement pas pour les mêmes raisons : politiciens et affairistes n’ont pas abandonné l’idée d’avoir une justice à leur botte pour continuer leurs « affaires ») sans rien obtenir. Nous n’avons pas de solution miracle… et le plan Dati de réduction des coûts de la justice enterre tout projet de ce type

Sian d’Aqui : Quelle structure sera implantée à l’emplacement de l’actuelle gare du sud ?

Bruno Della Sudda : Une structure culturo-associative dans une problématique de citoyenneté active (voir les commissions qui ont déjà plancher dessus).

Sian d’Aqui : Quelle est votre position sur le futur grand stade et quel est le délai de réalisation envisagé ?

Bruno Della Sudda : Garder le stade au Ray, avec un agrandissement raisonnable et maîtrisé (26 000 à 28 000 places), en sécurisant les voies d’accès, et sans opération commerciale : refus de la privatisation et mise en régie municipale, ouverture au quartier, mise en place d’un vrai comité de pilotage associant comités et associations de quartier, clubs de supporters, élu-e-s, dans une problématique de citoyenneté active.
Il faut faire reculer la marchandisation du sport, combattre la violence même verbale (à commencer par les slogans homophobes et sexistes encore proférés par une partie des supporters), associer les spectatrices et les spectateurs à la gestion de tout projet sportif, et lui conserver sa dimension populaire, festive et conviviale

Sian d’Aqui : Ne trouvez vous pas légitime que Nice devienne capitale de région dans un nouveau découpage ?

Bruno Della Sudda : Mais dans quel découpage ?
Le retour aux frontières de l’ancien Comté ? Ce n’est pas à l’échelle (même pas la totalité des Alpes-Maritimes) des régions actuelles en France ou en Europe.
Une entité « alpine » (type État de Savoie) ? C’est aujourd’hui dépassé du point de vue géo-politique (nous ne sommes plus à la charnière du royaume de France et de l’Empire) et du point de vue des infrastructures ferroviaires et routières (est-ouest et non plus nord-sud à partir de Nice).
Une fraction est de PACA ? On n’en voit pas trop ni les limites territoriales, ni le sens économique.

Par contre, il est vrai que PACA est une région bien particulière, avec une « capitale », Marseille, complètement décentrée géographiquement à l’extrême sud-ouest et une seconde ville (Nice) bien plus importante que la quasi totalité des capitales régionales en France.

La situation de Nice, aux limites Est de la région, à égale distance de Marseille et de Gênes, sur l’arc méditerranéen (baptisé couramment Barcelone-Gênes, mais appelé à devenir Séville-Istanbul), à la confluence des trois régions (PACA, Piémont, Ligurie) lui confère néanmoins un rôle particulier qui doit lui être reconnu. Mais nous refusons toute logique réactionnaire ou chauvine de type « Nice contre Paris » ou « Nice contre Marseille ». Un débat public doit s’ouvrir sur la manière institutionnelle et administrative de reconnaître le rôle qui devrait être celui de Nice dans la région PACA.

Sian d’Aqui : Quelles actions envisagez vous en faveur de l’apprentissage de la langue niçoise dans les écoles, collèges, lycées et universités ?

Bruno Della Sudda : Action en faveur de la création de postes d’enseignat-e-s, soutien aux Calendreta, dotation des bibliothèques d’écoles et CDI d’un fond d’ouvrages en occitan (et en particulier en nissart et/ou gavot).
Mise en place des cours de nissart (langue et culture, chants, cuisine, etc.) dans les quartiers, occasion de rencontres inter-générationnelles.

Sian d’Aqui : Quel avenir pour le carnaval ?

Bruno Della Sudda : Les unes comme l’autre, pour garder leur sens « traditionnel » doivent rester des fêtes avant tout populaires, non figées dans un passé mythique et dans la pure nostalgie. Sans s’interdire les défilés carnavalesques qui relèvent plus du « corso » pour touristes (et qui ont de ce fait un impact économique) le carnaval doit revenir à un esprit plus « contestataire »… qui est à son origine. C’est d’ailleurs le message et le sens des Carnavals indépendants des quartiers Est (St Roch, le Port).

Sian d’Aqui : Pensez vous que les lieux d’expression pour la culture niçoise soient suffisants ou satisfaisants ?

Bruno Della Sudda : Les lieux d’expression sont totalement insuffisants et insatisfaisants, pour la « culture niçoise », comme pour les autres formes d’expression (culturelle, politique, associative).

Sian d’Aqui : Quels moyens prévoyez vous de mettre en oeuvre pour favoriser la création et la diffusion de la culture niçoise ?

Bruno Della Sudda : Outre les moyens déjà développés dans la réponse à la question 5 et les moyens donnés à la culture en général (salles associativo-culturelles dans les quartiers, retour à la gratuité des musées, espace culturel à la gare du Sud, etc.) nous prévoyons la réalisation de terrains de pilo (d’abord dans les quartiers où des joueurs/joueuses s’entraînent depuis des années : St Roch, le port, Valrose, St Jean d’Angély, fac de Lettres, etc.) et la mise en place d’un festival des musiques occitanes.

Sian d’Aqui : Peut on envisager dans les chartes relatives à l’urbanisme un volet relatif à l’identité niçoise ?

Bruno Della Sudda : Nous rejetons le terme « identité » niçoise. C’est un terme ambigu, qui peut être prétexte au rejet de « l’autre ».
C’est d’ailleurs par ce qualificatif (« Identitaires ») qu’à choisi de se baptiser une frange néo-nazie de l’extrême-droite.
Ceci étant dit, la référence à l’urbanisme à Nice n’est pas anodine. L’Etat sarde fut précurseur en cette matière en établissant, dès 1832, des plans d’urbanismes chargés de donner une unité stylistique à la ville et, à travers le Consiglio d’ornato, un contrôle indépendant de l’exécution des projets.
Depuis l’ère médecin, la poussée purement spéculative des constructions à l’assaut des collines sans les aménagements correspondants, la couverture hétéroclite du Paillon, la voie rapide qui balafre la ville, puis la dispersion dans la plaine du Var de tout ce que l’on ne savait plus où mettre, la Droite a constamment et méthodiquement renié ce passé qui nous avait légué les places Garibaldi, Masséna et Ile de Beauté.
Un aménagement concerté de la plaine du Var sera l’occasion de renouer avec une réflexion urbanistique globale, à laquelle sera associée la population.

Sian d’Aqui : Quelles sont vos propositions pour promouvoir et valoriser l’identité niçoise ?

Bruno Della Sudda : Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons écrit à la question précédente à propos de cette « identité ».
Ce n’est pas à travers la référence figée à une supposée identité immuable que nous voyons Nice. Pour nous il n’y a donc pas d’identité à promouvoir ou à valoriser.
C’est la qualité des pratiques sociales solidaires, c’est le mode de gestion démocratique à travers de vrais conseils de quartier démocratiques, c’est la participation des citoyen-ne-s à l’établissement d’un budget participatif, c’est la place accordée à la création culturelle contemporaine comme à la connaissance de l’histoire ou la pratique de la langue qui « valoriseront » une nouvelle perception de Nice, loin des magouilles et du système clientélisme auxquels l’image de Nice est aujourd’hui attachée.

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