Qu’il s’agisse de « l’Europe-puissance » d’Emmanuel Macron ou de la Commission « géopolitique » appelée de ses vœux par la présidente Ursula von der Leyen, l’ambition est claire : parvenir à imposer l’Union européenne comme un acteur capable d’influer sur le comportement de ses partenaires mais aussi de ses adversaires. Cela passe par des accords commerciaux mais aussi par un positionnement géopolitique et diplomatique plus affirmé.
Le principal point de tension à la frontière européenne se situe en Méditerranée orientale, dans les eaux territoriales grecques et chypriotes, riches en gisements d’hydrocarbures, sur lesquels la Turquie lorgne. Au mois d’août, Ankara a donc dépêché un navire pour faire des forages au mépris du droit international. Le rapport de force entre l’Union et la Turquie est aussi marqué par l’enjeu migratoire et l’accord signé entre les deux puissances, que la capitale turque, Ankara, a déjà refusé d’appliquer par le passé.
Sur le dossier turc, l’Union devra alterner habilement entre le bâton et la carotte, entre les sanctions et les mains tendues, ce qui s’est notamment manifesté par l’interdiction de visas et le gel des avoirs dans l’UE de plusieurs personnalités du monde économique turc. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell remettra d’ici le mois de mars un rapport détaillant la stratégie à adopter face au dirigeant turc Recep Tayyip Erdoğan. L’ensemble des sanctions à disposition de l’UE pourront être utilisées, a ajouté le président du Conseil européen Charles Michel.
A noter que dans son arsenal juridique de sanctions, l’UE dispose désormais d’une nouvelle arme : la loi Magnitsky européenne, lui permettant de viser directement des personnes physiques ou morales, et plus seulement des Etats ou des secteurs d’activité.