Voici plus de dix ans que les banques centrales du monde développé essaient vainement d’atteindre leurs objectifs d’inflation, en général 2%. Grâce à Joe Biden, ça pourrait changer.
Comme souvent, c’est au milieu que c’est mieux. Une inflation modérée, aux alentours de 4% ou 5% est déjà inconfortable, et au-dessus de ce niveau, ça devient franchement pénible. La raison est simple : quand les prix augmentent, chacun (salariés, entreprises) s’inquiète de prendre du retard et les moins bien lotis sont ceux qui en pâtissent le plus. Mais une inflation trop faible, parfois négative ces derniers temps, bloque les écarts de prix nécessaires à une adaptation continue à l’évolution indispensable à la croissance. Voilà pourquoi les banques centrales se sont fixées 2% comme objectif.
L’autre moyen de soutenir la croissance, c’est la politique budgétaire. Jusqu’à l’arrivée de la pandémie, la plupart des gouvernements se sont abstenus. Ils se disaient préoccupés par leurs niveaux d’endettement, laissant leurs banques centrales seules en première ligne mais sans réelle capacité d’agir. Le cercle vicieux s’est installé. La croissance a été bien triste, l’inflation est restée faible et les taux d’intérêt, qui ne devaient être maintenus nuls voire négatifs que peu de temps après la grande crise financière de 2008, se sont prolongés.
L’arrivée de la pandémie a changé la donne. En Europe, le débat est déjà lancé entre ceux qui veulent assurer une reprise durable et ceux qui s’inquiètent du haut niveau des dettes publiques. Aux États-Unis, le débat est tranché. Le Président Biden a fait voter une relance budgétaire très substantielle, pour un montant de près de 9% du PIB. Nombreux sont ceux qui s’inquiètent désormais d’une accélération de l’activité tellement puissante que l’inflation pourrait grimper rapidement.
Admettons que l’inflation se mette à augmenter rapidement aux États-Unis. Si cette situation perdure, la Réserve fédérale interviendra en relevant fortement les taux d’intérêt.
Les États-Unis seront alors dans une situation radicalement différente : une forte croissance, un taux d’inflation au-dessus de 2% et des taux d’intérêt franchement positifs. Si c’est le cas, ce sera un retour à la normale d’avant 2008.