L’écologie « politique » est loin de n’être qu’un programme environnementaliste. Son programme va bien au-delà de la préoccupation de réparer ou de prévenir les dégâts causés à l’environnement par les sociétés modernes. Il vise explicitement à une transformation radicale de ces sociétés, en renversant la plupart des tendances qui les ont fait évoluer jusqu’à présent. Les tenants de ce programme affirment que cette radicalité est absolument indispensable pour atteindre les objectifs environnementaux visés.
Car le programme de l’écologie politique, du moins le programme français, est bien radical*. Beaucoup d’électeurs n’en ont probablement pas conscience car il n’est pas mis en avant dans le débat public qui porte avant tout sur les questions du climat et de l’environnement, constat sur lequel il y a un large consensus (à part quelques climato-sceptiques déconsidérés et très isolés). Ce programme est explicitement anticapitaliste, et d’une façon moins pensée il est aussi anti-individualiste.
La dénonciation du capitalisme y est omniprésente : « Le capitalisme, productiviste et consumériste, impose la marchandisation générale du vivant et du non-vivant. (…) Tous ces signaux sont inquiétants et nécessitent de déconstruire l’imaginaire capitaliste qui domine la planète et impose sa «volonté de puissance», son rapport de prédation à la nature, ses choix économiques, sociaux, politiques… »
Cette dénonciation conduit au choix d’une « société de post-croissance » où il sera « indispensable de prévoir et de planifier » en engageant une « politique volontariste » menée par « un État stratège face aux lobbys et aux puissances financières qui refusent de prendre le virage d’une société post-croissance ».
Le programme prévoit ainsi que des activités comme l’éducation, la santé, la protection de la nature et de l’environnement, mais aussi la culture, les transports, l’énergie ou les télécommunications « doivent demeurer sous maîtrise d’ouvrage publique et pouvoir déroger à l’exigence de rentabilité financière ». D’une manière plus générale, on lit dans le document qu’il « s’agit ‘d’écologiser’ l’ensemble des secteurs de l’économie ».
Mais le plus important dans le programme de l’écologie politique est son orientation clairement anti-individualiste.
Or il s’agit bien de cela dans le projet de l’écologie politique, rien de moins que de « changer de logique sociale et de système de valeurs, qui enferment dans le consumérisme, le ‘toujours plus’, les effets délétères de la compétition et la recherche de puissance ». Il faut mettre fin à « la multiplication des besoins matériels inutiles » et « en finir avec cette foi quasi religieuse dans le progrès ».
Enfin, les tenants de l’écologie politique proposent de développer hardiment la « démocratie directe » et de « généraliser les conventions de citoyens ».
Ce type d’orientation politique est ce que l’économiste Friedich Hayek** appelle le « planisme » qui veut se substituer à la concurrence pour organiser toute la société en vue d’un but donné.
Hayek écrit des pages très pénétrantes au sujet du planisme et de la démocratie, qui trouvent un écho avec le projet de l’écologie politique. Son argument est que le collectivisme fait faire à la société un formidable retour en arrière, la fait revenir à l’état des sociétés prémodernes où l’homme« pouvait à peine concevoir la possibilité d’agir autrement que ses semblables ».
N’est-ce pas quelque chose de ce genre que propose l’écologie politique en France ?
Que risque-t-il de se passer alors ? Un rapport ambigu avec la démocratie , sans qu’on sache quel sera le sort des récalcitrants.
par Garibaldino