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22 novembre 2024

Les automobilistes niçois sont-ils prêts à partager la route avec les cyclistes? 

Lorenzo Sinic
Lorenzo Sinic
Journaliste pour Nice Premium depuis Juillet 2021. Responsable de la publication et des podcasts de Nice Premium. Rédacteur principal pour les catégories "Sport" et "OGC Nice".

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Le 23 juillet 2020, le Conseil métropolitain a voté le Plan Vélo 2021-2026. Un plan validé et soutenu par l’État dans le cadre du Plan de relance et de transition écologique.
« Le Plan d’Action Vélo métropolitain vise à accélérer fortement la politique cyclable du territoire grâce à la création d’infrastructures, de pistes, de services et de stationnements adaptés facilitant l’usage du vélo au quotidien.
Il a vocation à faire découvrir ou redécouvrir le vélo, en tant que mode de transport économique, bénéfique pour notre environnement et notre santé. Ce plan d’action construit une autre philosophie, une autre approche apaisée de notre territoire dans l’intérêt de tous et pour tous. »

Ce plan a ensuite été présenté en avril dernier par la ville de Nice, son maire Christian Estrosi et la Métropole Nice Côte d’Azur. Les objectifs et le plan d’action pour l’année 2021 ont été exposés.

Dans la métropole, on compte actuellement 179 km de pistes et bandes cyclables, dont 84 km à Nice. L’objectif présenté dans le plan est de doubler ce nombre de kilomètres de pistes d’ici à 2026 et que la part des déplacements à vélo atteigne 10%. Des pistes seront créées dès cette année et plusieurs communes de la métropole seront reliées entre elles.
Avec ce plan, la métropole veut également sensibiliser à un mode de transport performant et écologique. Le plan vélo s’intègre donc aussi pleinement dans le schéma directeur de transport urbain 2040, mais également dans le plan climat qui prévoit la décarbonisation des déplacements et 55 % d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Des résultats en dessous des attentes

Malgré ce projet ambitieux qui sur le papier fait rêver tous les amateurs de vélo, les résultats sont pour l’instant trop peu satisfaisants. En ce début de mois de septembre, les changements sont jugés encore trop limités: manque de pistes sur les grands axes et grandes places, manque d’entretien sur celles déjà installées.
En dehors des changements matériels et pratiques, c’est aussi le changement de philosophie et de mentalité qui était annoncé, mais qui n’arrive toujours pas. En effet, aujourd’hui, les cyclistes azuréens ne sont toujours pas parvenus à se sentir libres de circuler, en toute liberté et en toute sécurité.

Relation tendue entre automobilistes et cyclistes et les améliorations à faire

Il y a quelques semaines, l’agression d’un cycliste par un automobiliste à Menton a choqué. Peut-être a-t-elle mis la lumière sur les problèmes et les violences auxquels sont confrontés quotidiennement les cyclistes à Nice et dans la région.
Même si l’agression à Menton n’est pas une généralité, et heureusement, ce fait divers montre bien que les automobilistes ne sont pas prêts à lâcher du terrain. Nous avons abordé cette relation conflictuelle entre cyclistes et automobilistes avec Daniele, un des adhérents de l’association « Nice à Vélo ».

Cette association née officiellement en 2019, mais qui existe en tant que collectif depuis 2012 a pour but de faire de Nice et son bassin de vie: une métropole cyclable où se déplacer à vélo soit un choix normal, sûr et pratique. Elle veut aussi œuvrer pour réduire la place des véhicules à moteur thermique en ville et ainsi améliorer la qualité de l’air.
Pour cela, l’association demande plusieurs choses:
– développer des infrastructures cyclables de manière que personne n’ait peur de rouler à vélo
– d’installer des parkings vélos sécurisés à certains endroits stratégiques de la ville (les gares de train et bus, les universités…)
De développer la culture vélo. C’est-à-dire sensibiliser la population niçoise à l’utilisation du vélo pour des déplacements de moins de 3 km.

« On ne peut pas généraliser et on ne peut pas parler d’agressivité constante. Mais ce que nous pouvons dire c’est que depuis le « boom » post-covid du vélo et l’apparition des nouvelles pistes cyclables, les usagers du vélo se sentent finalement en droit de demander plus de place et de meilleures infrastructures.
Évidemment ça ne plaît pas aux automobilistes qui voient leur « leadership » menacé. Ça ne doit pas leur plaire qu’à la télé on parle plus du vélo que des voitures. Personnellement je la vois comme une espèce de jalousie de leur part, car nous sommes une très forte expression de liberté, nous ne connaissons pas de bouchons et nous ne dépendons pas du prix du gazole. »

Ce rejet et cette agressivité de certains automobilistes peut aussi se former par plusieurs arguments utilisés contre les usagers à vélo. Ces arguments se basent pour la plupart sur des fausses vérités. En effet, beaucoup condamnent et réprimandent la conduite des cyclistes sur plusieurs points.

« Ils nous accusent de brûler les feux rouges en faisant une erreur de généralisation alors que beaucoup d’entre nous les respectent et quand ils ne le font pas c’est toujours en toute sécurité.
On ne traverserait pas une route avec un feu rouge si on n’était pas sûr de ce qu’on fait; nous savons très bien qu’en cas d’accident, c’est nous qui passons le pire moment.
D’ailleurs, le Code de la route prévoit que les vélos peuvent « brûler » les feux, c’est tout simplement un « cède-le-passage. »

Plusieurs usagers du vélo au quotidien ont vécu de l’agressivité verbale ou physique de la part des automobilistes et même piétons. Peu de cas sont réellement recensés (peu de plaintes, pas de dénonciation…) les victimes préfèrent pour la plupart ne pas répondre ou ne pas faire les démarches pour punir ces violences.

« Nous n’avons heureusement pas encore vu d’agressions similaires, mais ça pourrait arriver assez facilement. Il suffit qu’un cycliste réponde aux insultes et la situation pourrait vite se détériorer. Personnellement, je me fais couper la route volontairement assez souvent et au pire on m’insulte, mais pas plus. En tout cas, les usagers au quotidien sont tous d’accord pour dire que ce n’est pas très agréable de rouler en ville à Nice. La différence entre d’autres villes et d’autres pays et assez choquante »

Plusieurs quartiers et places importantes de la ville de Nice sont empruntés chaque jour par les cyclistes. Des endroits qui parfois nécessitent d’être empruntés pour des déplacements quotidiens obligatoires (place Masséna, Jean Médecin…). Pourtant, on remarque l’absence de pistes cyclables ou d’endroits dédiés à la circulation des cyclistes. Une place dédiée aux cyclistes sur ce grand axe pourrait changer beaucoup de choses.

« Dans l’association, on est tous d’accord sur ce sujet: Nice a besoin de plus de pistes sécurisées surtout sur les axes structurants où il y a beaucoup de passages.
La seule piste de ce type qui existe est celle de la Promenade qui a été allongée après le premier confinement jusqu’à Place de l’Île de Beauté.
Un autre dispositif utile peut être la zone 30. Nous avons déjà plusieurs zones de ce type à Nice, mais personne ne respecte la vitesse maximale et n’est très mal signalé. Personne ne sait, par exemple, que dans une zone 30 les vélos ont le droit de rouler à contresens.
Nous constatons également un fort manque de panneaux et de signalisations routières, à Nice on a des bandes cyclables qui ont presque disparu, car elles ne sont pas du tout entretenues. »

Le changement prendra du temps

Le climat tendu entre automobilistes et cyclistes peut donc s’expliquer par un manque de connaissance des automobilistes. Les droits des cyclistes ne sont pas très connus des autres conducteurs. Cela peut susciter des incompréhensions et des mauvaises réactions (exemple cités: cédez le passage et le droit d’aller en sens inverse sur les pistes à 30 km/h.)
Avant que les automobilistes ne soient prêts à partager la route, il faudra encore du temps et des actions plus complètes et plus approfondies. Des actions pour créer des infrastructures plus importantes réservées aux cyclistes, mais aussi pour changer les mentalités à travers peuvent être une sensibilisation des droits et des codes de la route des cyclistes auprès des automobilistes.

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  • Lorenzo Sinic

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