Mercredi 20 octobre, un débat citoyen sur l’avenir de l’Europe s’est déroulé à Acropolis, dans le cadre du Forum Européen pour la Sécurité Urbaine (EFUS).
Animé par une journaliste, Christian Estrosi, Willy Demeyer – maire de Liège et président de l’EFUS – et Margaritis Schinas – vice-président de la Commission européenne – ont débattu avec des citoyens. Le débat s’est effectué autour de cinq principales questions, posées par les citoyens eux-mêmes. À noter que c’était le premier débat-citoyen à Nice qui se déroulait dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe.
Retour sur les cinq grands thèmes qui ont été traités hier après-midi.
Une possible coopération transfrontalière en temps de crise ?
Pour Margaritis Schinas, les crises ont montré que nous faisons plus ensemble. Il a par exemple mentionné la manière dont l’Europe avait répondu aux crises alimentaires des années 90 – notamment la vache folle – ou encore le programme de vaccination contre le Covis-19 actuellement.
Le maire de Nice estime qu’il pourrait y avoir des expérimentations sur des sujets bien précis qui pourraient être mis en place au niveau transfrontalier, puis européen tels que la collaboration de médecins urgentistes par exemple. Il a également mis en avant la collaboration entre les français et les italiens lorsqu’ils avaient été touchés par la tempête Alex.
Willy Demeyer a avancé que l’Union Européenne avait tout intérêt à mettre en place une harmonisation des législations. En effet, il a pris l’exemple des mafias, qui connaissent très bien la loi et s’infiltrent dans chaque législation, à leur profit.
La coordination des services de renseignements
«La création d’un FBI européen ne viendra pas demain matin» estime le vice-président de la commission européenne. Toutefois, il a ajouté que l’Union Européenne pourrait ajouter de la valeur ajoutée notamment sur une coopération transfrontalière en ce qui concerne les crimes organisés ou les crimes islamiques qui passent d’un pays à l’autre. «Plutôt que la création d’une superstructure européenne, il faudrait commencer par faire fonctionner ce qui existe déjà», a poursuivi le maire de Liège. L’exemple de la coopération entre la Belgique et l’Espagne qui a permis de démanteler plusieurs réseaux de narcotrafiquants est un bon exemple qu’une coopération européenne n’est pas nécessaire selon lui.
La mise en place de la reconnaissance faciale dans l’espace public
Selon Willy Demeyer, ce mécanisme pose problème en termes de liberté individuelle, dans la mesure où nous savons que ces programmes peuvent être biaisés ou peuvent tomber en panne. Il y a un fossé selon lui entre la population qui est demanderesse de cette sécurité et les élus qui sont en revanche plus concernés par le respect des libertés individuelles. Il ne cache pas en revanche qu’un tel dispositif à l’échelle européenne serait d’une grande aide au niveau local. Selon Margaritis Schinas, une telle proposition ne sera pas facile à faire adopter.
Quant à Christian Estrosi, il regrette le fait que la police municipale n’ait pas accès aux fiches S, et réclame cet accès à l’état français.
Le sentiment d’appartenance à l’Union Européenne
Une des citoyennes de la salle, Nathalie, a lancé un débat sur les valeurs de l’Union européenne car selon elle, ce qui manque le plus c’est une Europe proche de ses citoyens – qu’elle a illustré avec l’exemple du Brexit et du nombre croissant d’eurosceptiques.
Le vice-président de la commission européenne a ouvert le débat sur ce sujet en déclarant ne pas penser que la solution aux problèmes en Europe soit l’émergence d’un modèle unique. Selon lui, ce qu’il faut défendre c’est ce qui nous unit aujourd’hui.
Estrosi a poursuivi en disant que Nice était profondément européenne mais plus au sens de géographique. Il estime que les citoyens de chaque État membre se sentent européens mais se sentent appartenir à une Europe géographique et non pas administrative. Selon lui, ce sentiment changera le jour où chaque citoyen pourra voter au suffrage universel pour le président de l’Union Européenne.
Les trois hommes ont conclu en citant une phrase de Bono – chanteur du groupe U2 – «l’Europe est une pensée qui doit devenir un sentiment».
La prise en charge des victimes au niveau européen
Une des citoyennes présente dans la salle a mentionné la maison pour l’accueil des victimes voulue par Estrosi, et se demande si un tel système pourrait intéresser l’Europe.
Margaritis Schinas a conclu ce débat en disant qu’une harmonisation de la prise en charge des victimes intéresserait beaucoup l’Europe. Toutefois, il ne faudrait pas seulement une prise en charge des victimes, il faudrait y ajouter un aspect pédagogique, qui serait beaucoup plus intéressant pour l’Union Européenne.