300, c’est le nombre de victimes que soutient l’association « Accueil Femme Solidarité » chaque année. Muriel Moreno, conseillère au sein de l’organisme, accompagne les victimes de violences conjugales à Nice.
Comment Accueil Femme Solidarité accompagne les femmes victimes de violences conjugales ?
Les femmes qui nous contactent sont souvent orientées par une assistante sociale ou ont composé le 3919. L’association est le relai départemental du numéro. Nous sommes souvent les premières personnes à qui elles osent se confier.
Que se passe-t-il quand les femmes rejoignent votre association ?
Dans un premier temps, on dégage des priorités, nous les informons de leurs droits, les accompagnons dans leurs démarches juridiques et les mettons en contact avec des avocats spécialisés. Parfois, nous les accompagnons déposer plainte au commissariat si elles le souhaitent.
Comment se passe le dépôt de plaine ?
Le problème est que les commissariats sont surchargés. Le fait d’attendre pendant des heures quand on a eu beaucoup de mal à faire la démarche est très stressant. Les questions sont souvent intimes et cela peut durer des heures. Ce n’est pas évident.
Les mesures promises par le gouvernement sont-elles vraiment mises en place ?
Il y a beaucoup de promesses qui ne sont pas appliquées. J’ai pu constater que les bracelets anti-rapprochement ne sont pas ordonnés dans les Alpes-Maritimes, les avocats demandent, mais les juges ne les accordes pas.
Je veux bien croire aux promesses de Jean Castex. Mais quand il y a des annonces, nous, les associations sommes sur la réserve.
Pourquoi est-ce si souvent la victime qui est contrainte de quitter le domicile familial ?
Il y a quand même eu des avancées. Avec la loi de 2010 sur l’ordonnance de protection. Le conjoint violent quitte le logement et la femme reste à la maison. Avec la loi de 2010 sur l’ordonnance de protection. Il faut presque obligatoirement un dépôt de plainte et de beaucoup de preuves pour que le dossier soit solide.
Faut-il changer d’approche ?
On soigne les conséquences, mais pas la cause. Il faut s’intéresser aux auteurs et peut-être les prendre en charge différemment. Vous pensez qu’en condamnant un compagnon violent à un stage de responsabilisation durant des jours, que cela tout va changer ? Il faut aller plus loin, travailler en profondeur. Les prendre en charge, comprendre pourquoi ils en sont arrivés là.
Pensez-vous que l’on en fait assez ?
On en fait jamais assez, mais il y a eu du progrès. Que ce soit l’État les départements ou les régions, des efforts sont fait sur cette thématique. Ça fait 19 ans que je suis conseillère d’accueil et je vois des évolutions. Mais à côté de ça, il y a une recrudescence de violence, nous sommes en novembre, il y a 103 féminicides.
La ville de Nice met-elle suffisamment de dispositif en place ?
La municipalité niçoise organise des actions. Comme les baromètres de la violence qui ont été distribués sur la coulée verte. Maty Diouf (adjointe au Maire de Nice déléguée aux Droits des Femmes) a annoncé qu’un accord a été signé avec Côte d’Azur Habitat, (bailleur social) pour qu’il y ait des logements prioritaires pour les femmes battues. On attend avec impatience que les mesures soient appliquées. Il faut donner plus de moyens aux associations existantes. Nous avons été obligés de créer une cagnotte en ligne parce que nous n’avions pas de fond.
Avez-vous des retours des femmes que vous accompagnez ?
En septembre 2021 une femme que l’on a suivi pendant plusieurs années est devenue l’une de nos bénévoles. Elle nous disait toujours que le jour où elle aurait assez de recul, elle ferait quelque chose pour l’association.