Ce mardi 7 décembre, une cent cinquantaine d’élèves de troisième se sont envolés pour le voyage de la mémoire organisé chaque année par le département des Alpes-Maritimes.
Depuis 18 ans, les tristement célèbres camps d’Auschwitz et Birkenau accueillent chaque année des collégiens du département des Alpes-Maritimes. Sélectionnés sur la base d’une lettre de motivation pour pouvoir faire partie du voyage, ces élèves réaliseront ensuite des exposés, expositions photos, vidéos, textes en prose, poèmes et dessins par lesquels ils partageront leurs ressentis tout au long du voyage.
Cérémonie de recueillement
Sur le site de Birkenau, une cérémonie de recueillement a pris place devant la symbolique stèle commémorative française qui arbore cette citation :
« Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement ».
À tour de rôle, des élèves ont pris la parole devant la stèle pour lire poèmes, conter des récits et lire des lettres. Parmi elle, la dernière lettre de la petite Marie Jelen à son père, jeune déporté de 11 ans, originaire de Paris.
Un collégien a fermé la marche en s’avançant devant le demi-cercle formé par ses camarades pour lire sa propre prose en mémoire à Charles Gottlieb, survivant de la Shoah devenu un véritable ambassadeur de la mémoire auprès des jeunes générations en effectuant une trentaine de voyages de la mémoire organisés par le département des Alpes-Maritimes.
La cérémonie s’est clôturée par un dépôt de gerbe par les représentants du président du département Charles Ange Ginesy et le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Une minute de silence a ensuite été observée en hommage aux victimes de la Shoah.
Auschwitz
La deuxième partie de la journée s’est déroulée sur le site d’Auschwitz, où les groupes de collégiens suivaient au pas leurs guides, sans perdre une miettes des récits qui leur étaient contés.
Une grande émotion s’est fait ressentir devant les vitrines exposants les effets personnels des détenus, des montagnes de lunettes, de prothèses, de chaussures et de valises encore marquées par les noms et les adresses de leurs propriétaires.
Mais ce qui a soulevé le plus d’émotions, c’est la masse de cheveux entassée derrière une longue vitrine. Jaunis par le temps, ces cheveux étaient autrefois bien colorés et faisait partie de la parure des femmes et des hommes violemment rasés à leur arrivée sur le camp. Une fois vendus, ces cheveux servaient de matériel d’isolation.
Alors que le groupe s’avançait entre les blocks en poursuivant la visite, un collégien s’est approché de la guide pour lui demander innocemment pourquoi les détenus ne se sont pas rebellés. Ils étaient pourtant nombreux dans ce camp, pourquoi n’ont-ils pas décidé dans un mouvement commun de se soulever contre leurs bourreaux ? «Car il n’en avait pas la force », lui répondit simplement la guide. Les SS prenaient un malin plaisir à épuiser les détenus, affamés et très peu vêtus sous des températures négatives, hommes comme femmes étaient forcés à travailler. Selon un témoignage de Simone Veil, il leur était parfois demandé de porter à bout de bras du matériel lourd d’un point A à un point B. Dès le lendemain, on leur demandait de déplacer ce même matériel en chemin inverse.
Block 11, Le block de la mort
« Aucun des détenus qui entrait dans le block 11 n’en ressortait vivant ».
Le Block 11 faisait office de prison dans la prison, une mise en abyme tristement ironique où était joué des jugements totalement dénués de sens. Des milliers de détenus furent assassinés dans la cours du bock 11, contre le mur, fusillés par un peloton d’exécution.
Concentration et extermination
Une fois arrivée de leur voyage, empaquetés les uns contre les autres dans les voiturettes des trains en direction des camps de concentration durant plusieurs jours, de légers pyjamas rayés leur étaient distribués à leur arrivée sur les camps. C’est avec ces mêmes vêtements qu’ils travaillaient et dormaient. Ils n’avaient pas l’occasion de les changer ou de les laver. les détenus rêvaient de prendre une douche. Et c’est ce qui leur était promis lorsque les SS les dirigeaient vers les chambres à gaz. Des pommeaux de douche étaient même installés dans les chambres, pour aider à les convaincre le plus longtemps possible qu’ils étaient sur le point de se laver. Mais jamais l’eau n’a coulé dans les chambres à gaz.
Une fois les portes fermées, du Zyklon B était jeté par des ouvertures sur le toit, ces cristaux chimiques produisent un gaz toxique à une certaine température. En une vingtaine de minutes, les détenus suffoquaient, convulsaient et mourraient. Un médecin SS déterminait alors le moment où il fallait ouvrir les portes pour aérer la chambre. Les corps étaient alors transportés par d’autres détenus vers la salle du dessous. La salle des fours crématoires.
C’est ainsi que nos étudiants Maralpins ont terminé leur voyage de la mémoire. Après s’être plongés dans l’horrible histoire de la Shoah, c’est avec un bagage de connaissances supplémentaires qu’ils prirent place dans l’avion en direction de Nice, où nos nouveaux ambassadeurs de la paix pourront partager leur expérience avec leurs camarades n’ayant malheureusement pas pu faire partie du voyage.