Marianne Winckler, écrivaine reconnue, entreprend un livre sur le travail précaire. Elle s’installe près de Caen et, sans révéler son identité, rejoint une équipe de femmes de ménage. Confrontée à la fragilité économique et à l’invisibilité sociale, elle découvre aussi l’entraide et la solidarité qui unissent ces travailleuses de l’ombre.
Plus qu’un film coup de poing sur la France d’en bas, «Ouistreham» – on peut d’ailleurs préférer son titre anglo-saxon «Between Two Worlds» – raconte surtout l’impossible dissimulation de sa classe sociale, le simulacre (pour reprendre un titre d’un roman de Philip K. Dick) d’une fraternité universelle.
C’est aussi le discours méta du film. Juliette Binoche a beau ne pas être maquillée, récurer les toilettes, s’abandonner totalement à son rôle, elle ne peut pas lutter à armes égales face au jeu naturaliste parfait des acteurs non-professionnels qui ont, comme on le dit, le physique de l’emploi…
Dommage que les coutures du scénario soient si visibles – difficile de croire en l’enchainement des péripéties sur le ferry ou à l’épisode du pendentif à la symbolique trop évidente.