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21 novembre 2024

L’Edito du Psy-Internet et les services secrets : un « village mondial » très surveillé !

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jpg_bobine2008-16.jpgAlors que se met en place, le 1er juillet 2008, la nouvelle organisation des services de renseignement intérieur (voir l’article de NP sur l’expérience pilote conduite à Nice https://www.nicepremium.fr/article/fusion-rg-dst-«-operation-pilote-reussie-dans-les-alpes-maritimes-»…mais-des-questions-en-suspens..3390.html), le gouvernement prépare une nouvelle Loi d’Orientation et de programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (Lopsi 2). Afin de lutter contre les diverses formes de cybercriminalité, celle-ci devrait autoriser la surveillance des ordinateurs de personnes suspectes, et en particulier, être en mesure de réaliser, « sous contrôle d’un juge et « sans le consentement des intéressés », « la captation à distance de données numériques se trouvant dans un ordinateur ou transitant par lui », comme l’a expliqué Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’intérieur. Pour rendre le dispositif efficace, la mesure devrait s’affranchir des limites nationales et permettre « les perquisitions à distance sur des serveurs situés dans d’autres pays », et ce, par le biais « d’accords internationaux » que la présidence française de l’Union qui débute ce mois-ci, cherchera vraisemblablement à obtenir.

Paris devrait d’autant moins rencontrer de résistances dans cette démarche que d’autres Etats européens, réputés pourtant sourcilleux dans la protection des libertés personnelles, mettent également en place des moyens offensifs identiques destinés à lutter contre l’utilisation de la Toile par le terrorisme. Fin février, un arrêt du Bundesverfassungsgericht, le Tribunal Constitutionnel fédéral qui siège à Karlsruhe, a autorisé la police allemande, là encore après l’aval d’un juge, à procéder à des « perquisitions en ligne » en cas de « menace concrète » contre des vies humaines ou contre l’Etat. La plus haute juridiction outre-Rhin n’en a pas mois formalisé le rappel au « droit fondamental à la protection de la confidentialité et de l’intégrité des systèmes informatiques », formule destinée à rendre inexploitables devant la justice les données concernant la vie privée des suspects. Tout aussi tatillonne sur la démocratie, la Suède vient, le 18 juin dernier, d’autoriser elle aussi le Service d’écoute du ministère suédois de la défense, récemment doté d’un nouveau matériel informatique, à « scanner à toute heure du jour et de la nuit », selon un journaliste de la radio publique suédoise cité par « Courrier International », tous les courriers électroniques, mails, SMS et autres conversations téléphoniques entre la Suède et l’étranger. La loi votée par le Parlement de Stockholm, nommée « un service de renseignement adapté » a pour finalité de « prévenir le terrorisme » mais elle s’intéressera également « aux crises énergétiques, aux menaces pesant sur l’environnement, aux défis économiques…ainsi qu’aux grands mouvements migratoires des réfugiés.. ».

Si la vigilance reste légitime face à des lois généralement perçues comme liberticides, le fait que l’Allemagne et la Suède, deux pays estimés pour leurs exigences démocratiques, adoptent des procédures similaires, doit conduire à relativiser les critiques émises à l’encontre de Lopsi 2. Et à ne pas se tromper de cible. Car ces dispositifs mis en place par les pays européens révèlent finalement les difficultés -et les efforts- pour contrer les évolutions radicales du terrorisme. Début juin, le coordinateur européen de la lutte anti-terroriste, Gilles de Kerchove, tout en refusant de « stigmatiser l’islam », a néanmoins insisté auprès des 27 Etats-membres sur la nécessité de s’attaquer aux causes de la radicalisation dans la jeunesse musulmane, laquelle « bascule » plus souvent selon lui, du fondamentalisme vers l’action violente. Ses préoccupations font écho au rapport de la police de New York publié le 15 août 2007, et intitulé « Radicalization in the West : The Homegrown Threat » (La Radicalisation en Occident : la menace qui grandit parmi nous). Traduite, selon les informations données par « Le Monde », par le criminologue Alain Bauer, cette étude met en exergue « l’uniformité remarquable dans les comportements et les trajectoires » des terroristes, désormais davantage « djihadistes autonomes » mus par un « mal-être » et une « recherche d’identité », ce qui les rend « vulnérables aux visées extrémistes et à la rhétorique radicale ». Le rapport insiste en outre sur la difficulté de repérer et d’infiltrer les « incubateurs de radicalisation » qui glissent des mosquées, trop « surveillées », vers les lieux de prières, les prisons, les locaux d’association et…Internet. Une question finalement se pose : faut-il céder une part -supplémentaire- de notre liberté afin de mieux garantir notre sécurité ?

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