Refus d’inscription des étudiants en première année, inquiétude des professeurs sur le renouvellement de leurs cours pour la prochaine saison, rumeurs contradictoires de fermeture alimentées par les enseignants eux-mêmes, l’IPAG, la célèbre Ecole supérieure de commerce du Bd Carabacel est entrée, comme le reconnaît son nouveau Directeur général, dans une « zone de turbulences ». Récemment nommé par le Conseil d’Administration du Groupe IPAG, Guillaume Bigot, enseignant et Directeur de l’Ecole de Management Léonard de Vinci à la Défense, vient spécialement de Paris ce vendredi 11 juillet pour rencontrer les professeurs. Dans une lettre circulaire qu’il leur a récemment adressée, l’ancien journaliste explique « sa conception » des études dispensées à l’IPAG, fondée notamment sur une « différence essentielle entre les étudiants et les enseignants », ces derniers détenant « une autorité fondée sur le savoir ». Des étudiants qui ne doivent toutefois pas, selon lui, « être traités comme des “consommateurs” ».
Que va-t-il advenir de cette Ecole de Commerce alors que certains de ses concurrents locaux profitent déjà d’une vague d’inscriptions de jeunes bacheliers attirés par l’économie internationale mais dont les moyens ne leur permettent pas de suivre les cours à Paris? Réponse formelle du nouveau Directeur général: « Non, l’IPAG Nice ne va pas fermer! ». Dans son « rôle de dirigeant », Guillaume Bigot se veut « un arbitre impartial à l’écoute de chacun » mais qui « décidera dans l’intérêt de tous ». « Il en sera de même à l’IPAG », précise-t-il dans sa missive. Il a bien voulu donner quelques indications supplémentaires dans un entretien à Nice-Premium.
Nice-Premium : Refus d’inscription des étudiants en première année, incertitudes des professeurs pour le renouvellement de leurs cours l’année prochaine, votre venue sur Nice est-elle directement liée aux turbulences que connaît actuellement l’IPAG ?
Guillaume Bigot : Oui, pourquoi le nier, nous traversons une zone de turbulences. Mais que nos concurrents ne se réjouissent pas trop vite : l’atterrissage d’urgence n’est pas d’actualité. La prise d’altitude me semble plus indiquée.
NP : Comment définiriez-vous les relations entre l’IPAG Paris et l’établissement de Nice ?
G.B. : Il n’y a pas de « relations » au sein d’une seule entité. Etant pour l’instant, Directeur du centre de Nice et Directeur Général, je n’ai aucune tendance à la schizophrénie. Mon état d’esprit est l’unité, la cohésion de projet et d’équipe ce qui exclut la hiérarchie (un centre n’a pas de prééminence sur l’autre) ainsi que l’uniformisation pour l’uniformisation (un centre comme Nice peut avoir besoin de souplesse dans son organisation locale).
NP : Quelles sont les grandes orientations que vous souhaitez développer au sein de l’IPAG ?
G.B. : Nos programmes sont originaux, remarquables mais méconnus. Conclusion : de la communication, encore de la communication et toujours de la communication.
NP : Quelle est votre marge de manœuvre laissée par le Conseil d’Administration ?
G.B. : Celle qu’il voudra bien me laisser. Mais ma nomination (ou celle d’un profil comme le mien) n’est pas neutre. Disons qu’en optant pour ma candidature, ce n’est pas le choix du conservatisme et de la routine qui a été opéré.
NP : Quelle doit être, selon vous, la marque spécifique de l’IPAG par rapport aux autres écoles de commerce dans la région ?
G.B. : Haut de gamme, qualité plus que quantité, taille humaine avec, à la clé, la chance unique pour un candidat d’y développer un projet professionnel sur mesure. Bref, tout le contraire des usines dans lesquelles le suivi individuel est nécessairement sous-traité.
Le panel d’entreprises prestigieuses, les 90 partenaires universitaires dans le monde entier, l’exigence du concours, le format Bac + 5, tout indique que nous sommes devant un produit haut de gamme. Nous sommes plus proches de Mac que de PC. L’IPAG, c’est la plus petite des très grandes post-bac !
NP : Dans la lettre circulaire aux professeurs niçois de l’IPAG, vous insistez sur la notion « d’humilité », en général mal perçue par la philosophie en cours dans les écoles de commerce. Pourquoi cette insistance ?
G.B. : Sans être adepte du Yin et du Yang, je crois au bon sens que recèlent les paradoxes : l’humilité pour soi est la condition sine qua non d’une ambition extrême pour un collectif ou pour une Institution !