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22 novembre 2024

« Motets de Noël » à l’Opéra de Nice : des Chœurs chaleureux et une direction « meticolosissima »

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Les Choeurs de l'Opéra de Nice
Les Choeurs de l’Opéra de Nice
Point de répit pour l’Opéra de Nice en cette période de Noël, souvent réduite aux seuls aspects festifs : sont déjà annoncées « Les voix de demain », un Master Class avec de jeunes et brillants artistes, animé par la Soprano Elisabeth Vidal le 21 décembre prochain et la production des « Contes d’Hoffmann » d’Offenbach début janvier, où la Soprano Annick Massis interprétera quatre rôles dans la partition.

Dans cette attente, les Chœurs adultes – saluons ici les résultats de son Directeur Giulo Magnanini – et enfants de l’Opéra de Nice ont proposé en soirée du vendredi 12 décembre 2008, un magnifique programme de « Motets pour le temps de Noël ». Un « Plain-chant » intitulé « Hodie Christus natus est » (Aujourd’hui le Christ est né), partition anonyme inspirée des liturgies de l’Eglise catholique suivi d’un « Ave Maria » d’Ernest Chausson, deux morceaux où les chœurs d’enfants entraînés par Philipe Négrel furent dirigés « meticoloso » par Hervé Niquet. Organiste, claveciniste, pianiste, chanteur et compositeur, cet ancien chef de chant à l’Opéra national de Paris a fondé en 1987 l’Ensemble instrumental et vocal, le « Concert spirituel » spécialisé dans le répertoire sacré et dans celui des œuvres baroques, nommé par ailleurs au Grammy Awards.

Le Maestro Hervé Niquet
Le Maestro Hervé Niquet
Une direction magistrale où le geste onduleux du bras et de la main – on pense immanquablement aux propos de Pierre Boulez sur la « libération de la main et des doigts » dès lors que le chef dirige sans baguette – n’empêche pas l’impressionnante précision d’une gestuelle quasi millimétrique des doigts, qui indiquent par exemple le tempo de la conclusion par une minuscule boucle qui semble se refermer sur elle-même. « Bene » lance à plusieurs reprises le maître visiblement satisfait, à des jeunes interprètes dont certains des moins âgés disparaîtraient presque derrière les larges feuillets de leur partition.

De cette production qui a permis d’entendre des compositeurs comme Emile Paladhile, Léo Delibes – dont le « Lakmé » est programmé à l’Opéra de Nice pour mars 2009 -, Charles Gounod et Camille Saint-Saëns, on retiendra en particulier le « O Salutaris » de Théodore Dubois pour voix masculines : chant d’une sublime beauté sonore, doté d’accents qui semblent s’inspirer du « Mors et Vita » de Gounod et annoncer certaines des mélodies de Fauré. Théodore Dubois, il est vrai, succèdera au premier à l’Académie des Beaux Arts en 1894 et laissera au second son poste de Maître de Chapelle à l’Eglise de la Madeleine, après en avoir été nommé Grand Organiste. On soulignera également le superbe « Ave Maris Stella » de Léo Delibes : après une délicate ouverture au piano (Sébastien Driant) à laquelle répond l’orgue (Jean-Cyrille Gaudillet), les voix de femmes chantent avec d’infinies modulations les grâces rendues à la Vierge, « Etoile de la mer ».

Le Baryton Ioan Hotensche
Le Baryton Ioan Hotensche
« L’Oratorio de Noël » de Camille Saint-Saëns a fait découvrir, en deuxième partie, une légère formation orchestrale principalement composée de cordes, accompagnées d’une harpe (Magalie Pyka de Coster) et d’une contrebasse (Jean-Marie Marillier) : elle offre en introduction une mélodie agréable, laquelle, avant d’être reprise dans le lent et majestueux final d’un « Alléluia » nourri avec force d’orgue et trémolo de cordes, donnera lieu à un bref mais intense passage plus sombre des violons et un duo inoubliable entre la harpe et les voix.

La Mezzo-soprano Christina Greco
La Mezzo-soprano Christina Greco
Des voix, notons-le au passage, assez inégales parmi les solistes et, pur hasard de la distribution, plus émouvantes dans les registres intermédiaires qu’extrêmes : les beaux aigus de la Soprano Yoon Jung Chang se sont souvent exprimés aux dépens de la prononciation des paroles sacrées, les accents vocaux très sensuels de la Mezzo-soprano Christina Greco ont, en revanche, chargé d’émotion chacune de ses interventions dans « l’Oratorio », le Baryton Ioan Hotensche était également très investi vocalement et affectivement – notons son solo admirable dans le « Laudate Dominum » de Théodore Dubois – alors que le Ténor Thomas You était à la peine malgré de visibles efforts. Des voix humaines aussi mystérieusement impénétrables que « celles » du Seigneur.

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