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22 novembre 2024

L’Edito du Psy-Deux hommes, deux discours…des symboles.

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jpg_bobine2008-32.jpgFort de sa « volonté » et de sa « détermination », le premier d’entre eux interpelle le « monde », mot qu’il déclinera inlassablement tout au long de son intervention. Celle-ci établit une relation sans intermédiaire, jette une passerelle directe entre le pays qu’il dirige et le reste de la planète. Le second concentre l’essentiel de son propos sur le resserrement des liens bilatéraux entre son pays et celui dans lequel il effectue une visite officielle. Une stratégie active du national au mondial pour le premier, une forme de repli du mondial vers le bilatéral pour le second. Les paroles du premier ouvrent sur une vision internationale élargie : elles évoquent un « arc de crise du Proche-Orient au Pakistan », développent une approche globalisante au point de relier entre eux les multiples conflits de cette zone. Le premier apostrophe les « dirigeants du monde », en appelle au « besoin de tout le monde », « aux dirigeants de la planète ». Il voit en 2009 une année « fondatrice d’un nouvel ordre mondial », perspective énoncée avec la quasi gourmandise suscitée par l’exaltante ampleur des tâches à accomplir. De la crise « dont tout le monde souffre », le second en profite pour construire une argumentation privilégiant la proximité des valeurs culturelles entre deux pays, évoquant -étonnamment de la part de ce responsable politique connu pour son tempérament plutôt physique- « la force et l’optimisme » induits par la « musique classique » !

Considérant les possibilités offertes par 2009 pour faire « évoluer la hiérarchie des puissances », au point d’oser poser la question d’une « nouvelle architecture des institutions internationales », le premier, un chef d’Etat, se propose de faire de son pays « l’avocate, le porte-voix, l’interprète » d’une revendication destinée à réformer le Conseil de sécurité des Nations Unies, au moyen d’une « réforme intérimaire » afin de « désembourber un dossier qui non seulement n’avance pas mais recule ». Le second, un chef de Gouvernement, évoque quant à lui, la « vie dans une maison commune », le partage d’un « destin commun », osant -ce qui n’était pas forcément du meilleur goût historique- l’évocation d’un « Zivilisationsraum », un espace identique de civilisation. Le premier en appelle à nouveau à « tout le monde », tenant pour « invraisemblable » l’absence de représentants du continent africain, latino-américain ou indien au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Le second vante le « potentiel colossal » des efforts susceptibles d’être conjugués par les deux pays, celui qu’il visite et celui qu’il gouverne.

Conscient de ses « ambitions », le premier n’hésite pas -tout aussi consciemment- à fustiger son public, réclamant l’inverse du « raisonnement diplomatique traditionnel » qui compte sur le temps pour faire avancer les choses. Le second, au contraire, cherche visiblement à choyer son auditoire, mélange de mélomanes et de politiques, avouant au passage son « émotion particulière » de se retrouver dans cette ville, « centre culturel européen », un de ses anciens fiefs comme officier du KGB. Dans une envolée teintée de lyrisme, il mêle Bach, Schumann, Wagner aux compositeurs Glinka, Rachmaninov et Chostakovitch. Et rappelle un texte du célèbre écrivain Thomas Mann qui mentionne la part d’inspiration russe de son « esprit littéraire » qu’il équilibre d’une pensée de Fiodor Dostoïevski sur ses deux « Heimat », la Russie et l’Allemagne.

Le premier termine sur un monde qui doit « parler des individus » et promouvoir « efficacité et démocratie ». Le second conclut sur l’idée d’un « Zusammenschluss Europas », l’intégration de son pays à l’Europe. Le premier comme le second reçoivent des applaudissements nourris. Respectivement, ceux du Corps diplomatique auquel le premier présentait ses vœux et ceux qui assistaient à la cérémonie d’ouverture du « Semperopernball » dont le second était l’invité d’honneur. L’un s’exprimait en français depuis le Palais de l’Elysée, le second, dans la langue de ses hôtes à l’Opéra de Dresde, capitale du Land de Saxe. Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine parlaient-ils vraiment du même monde ? Et qu’en pense le nouveau président américain?

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