Il est 8h30 jeudi matin à Bon Voyage. Le Centre d’Animations et de Loisirs (CAL), dirigé par Steeve Demana, s’éveille dans une légère cacophonie. Une trentaine d’enfants arrive, accompagnés de papa ou maman, qui s’en vont aussitôt. Nathalie et Patricia sont là pour accueillir une marmaille excitée, quoiqu’encore un peu endormie. Un quart d’heure plus tard, l’atelier coloriage commence et les retardataires se pressent : « C’est la faute des bus », s’excuse ironiquement une jeune femme.
Après plusieurs minutes d’échanges de feuilles et crayons de couleurs, les enfants, âgés de 5 à 10 ans, sont pris d’impatiences. Le temps est venu de grimper les trois étages pour rejoindre le plateau sportif situé sur le toit. « Nous sommes obligés de monter », explique Nathalie. « Les premiers instants étaient calmes. Les enfants n’osaient pas se manifester. Maintenant, ils sont agités et ont besoin de se défouler ! ». Sous un beau soleil, les garçons forment deux équipes et prennent place sur le terrain de foot. Les filles se dispersent. Certaines font la course, d’autres font les pitres ou tournent en rond, dans la joie et la bonne humeur, comme Kenza, 9 ans et Bouchra, 8 ans : « C’est mieux qu’à l’école. On travaille et on est toujours punie », s’exclament en chœur les deux fillettes. « Ici, on s’amuse, c’est génial », poursuivent-elles, ravies.
Les animatrices débordées
Ravi n’est pas l’adjectif pour qualifier l’état d’esprit des animatrices. Débordé semble plus approprié. Elles ont bien du mal à s’occuper de tout le monde. L’un veut çi, l’autre veut ça, si bien qu’elles sont un peu dépassées et ne voient pas un petit garçon pleurer par terre. « Les joies du football avec les plus grands », souffle Patricia. « C’est compliqué. Nous ne sommes que deux mais il faut tout le temps être derrière eux. On ne peut jamais laisser des enfants en électron libre sinon on ne sait pas ce qu’il peut arriver. En plus, ils sont turbulents ! Mais on est contente d’être là », sourit-elle.
Aux alentours de dix heures et demie, la fatigue se fait sentir et les sportifs les plus courageux se comptent sur les doigts d’une main. « On a gagné et ils veulent arrêter », lance Corentin, 9 ans, gardien de but d’un jour. « J’ai été trop fort », lâche fièrement le petit blond en attirant la jalousie des perdants. Nathalie sort sa « pochette magique », distribue une quinzaine de fiches et tout le monde entonne d’une seule voix : « Oh toi plus moi, plus tous ceux qui le veulent… ». Le tube Toi+Moi de Grégoire connaît un grand succès dans les cours de récréation ! Au rez-de-chaussée, Patricia et le reste de la troupe démarrent un concours de danse jusqu’à l’heure du déjeuner. Les filles jouent aux starlettes en se dandinant devant un long miroir, t-shirt relevé façon bikini. « Je suis Beyoncé », exalte l’une d’entre elles. Une heure de balancement plus tard, c’est l’heure du déjeuner. Au menu, sandwichs et fruits pour garder la forme. L’après-midi sera plus calme. Films et dessins animés sont au programme. Et pendant que leurs enfants s’amusent, à Bon Voyage ou ailleurs, les parents descendent dans la rue, en colère.<img28526|right>
