Elevés au rang de chevalier de l’ordre national par le président ivoirien Laurent Gbagbo, ils célèbrent cette année les dix ans de carrière de leur groupe par deux concerts dans leur pays, à Bouaké et à Abidjan. C’est l’occasion de présenter à leur public les nouvelles chansons qui figurent sur leur quatrième album. Intitulé « Tapé dos » en Côte d’ivoire, il est rebaptisé « Ki Dit Mie » pour le marché international!
Les 4 membres du groupe puise leur inspiration du mouvement Zouglou, mouvement culturel ivoirien regroupant musique et danse et qui permet aux jeunes ivoiriens de décrire les problèmes et les maux de la société dans laquelle ils vivent.
<img28926|left> Asalfo, Goudé, Manadia et Tino, les quatre gamins de Marcory à Abidjan !, avaient à peine formé leur groupe ” Woyo vocal”, qu’ils acceptèrent l’offre appétissante d’un sponsor : s’appeler cube Maggi System. Ah, le cube Maggi ! Le sacro-saint bouillon, fond de sauce incontournable pour tout plat africain qui se respecte ; Il n’y pas de pur hasard…
En effet, quelque dix ans plus tard, on se rend compte qu’Asalfo et sa bande, rebaptisée entre entre temps « Magic System », sont en train de s’imposer comme les maîtres dans l’art de « balancer la sauce », de préparer des breuvages musicaux dans le juste temps de ce début de siècle.
Leur recette ? Simple mais efficace. Préparer d’abord un lit de sons du terroir, à base essentiellement de zouglou; Un courant musical né sur les camps de Côte d’Ivoire dans les années 80, un rock’n rap tropicalisé, issu des révoltes étudiantes contre le gouvernement. La révolte se fera par la suite chronique sociale, comme le dit à sa manière Asalfo : « Depuis que l’on était des « petits » à Marcory, on a mis à nu les maux de la société en y ajoutant un brin d’humour. » Saupoudrez ensuite de nuchi, une sortie de verlan, magnifique réinterprétation locale du français. Puis ajouter, selon les besoins, quelques pincées de R’n’B’, de rap de ragga ou de rai . Servez show ! Recette indigeste pour certains ? Pas pour tous … Quel autre artiste africain s’est aussi durablement installé au sommet des charts français ? « On n’sait jamais », duo avec Leslie (2002), « Un gaou à Oran », duo avec le 113 et Mohamed Lamine (2004), « Bouger, bouger », duo avec Mokobé (2005), « C’Chô, ça brûle », duo avec Hakil, Bilal et Big Ali (2006). Rai n’ B’, R’n’B’-harissa, zouglourap-merguez… Qu’importe l’appellation. En quelques singles, qui ont été autant de tubes, Magic System a concocté un genre de maffé musical au beur, une fraternisation des sons comme en raffolent les jeunes Gaulois. Ki dit Mié ?
Dix ans donc que le groupe élabore petit à petit sa potion magic. Un premier album en 1997, « Papitou » : on teste les mélanges. Un deuxième opus en 1999 : la distillation du temps a fait son œuvre. Le cocktail prend forme, d’autant qu’il est rehaussé par un poivre fort appelé « Premier Gaou » sorti en 2000 et double disque d’or. Puis 2003, l’album “Un Gaou à Paris”, suivi de près par “Cessa Kié La Vérité” et enfin Ki dit Mié en 2007, un concentré de swing sous la conduite du tandem en or, Kore et Bellek (Rai n’B’Fever, Leslie, Amine), « vieux » compagnons de route du Magic . Un seul duo sur cette galette : “On va samizé » avec Amine, le petit prince du rai n’ B’. Autre « marmitions », Akerahim (qui a mixé pour Rohff et Leslie). Il produit ici « Africa », un éclatant « Peace & Love » adressé à l’Afrique . Pour s’achever les reins, on recommande « zouglou Dance », réalisé par les Bionix (Cheb Mami, Matt Pokora…).