L’espace de la Mongolie, équivalent à environ trois fois celui de la France, épouse la courbure de la terre sur des milliers de kilomètres d’Est en Ouest formant un horizon immense. Cet environnement majestueux dominé par les massifs de l’Altaï à l’Ouest, se décline en plateaux boisés, steppes herbeuses, déserts arides. Du Nord au Sud, pas de cultures ni de rizières, pas de champs accrochés aux flancs des montagnes ni de haies bordant les domaines : ce ne sont qu’étendues sans limites, steppes verdoyantes ou rongées par les déserts. Sur ces terres vivent des pasteurs nomades, peut-être les descendants de peuples qui abandonnèrent assez tôt la culture agricole, à laquelle ni le sol ni le climat du pays ne sont particulièrement favorables. Durant longtemps, cette activité y fut donc quasi inexistante, sauf au cours des derniers siècles pour les besoins des lamaseries ou des colons chinois. L’élevage qui a de tout temps prédominé détermine aujourd’hui encore un mode de vie, des traditions et des coutumes originales.
Actuellement, vingt-neuf groupes ethniques coexistent en Mongolie, descendants de tribus nomades turco-mongoles. Le pays est majoritairement peuplé de mongols Khalkhs, les autres peuples les plus importants étant les Kazakhs à l’ouest du pays et les Bouriates dans le nord.
Le noyau de cette culture demeure la famille, réunie sous la yourte ou ger en mongol, terme usuel pour désigner cette tente de feutre si particulière. Elle est l’habitat traditionnel des pasteurs de la steppe depuis la nuit des temps. Bien que ne s’appuyant pas sur un ancrage au sol, elle résiste aux vents puissants ; reste fraîche en été et chaude en hiver en dépit de fines parois de feutre et de textile. Rapidement montée ou démontée, l’organisation intérieure en est en tout lieu du pays identique : la porte d’entrée ouvre au sud, la place des hommes se situe à l’ouest, au nord se trouve celle des hôtes de marque ou des personnes âgées ainsi que l’autel familial, la place des femmes demeure à l’est tandis qu’un poêle occupe le centre. Les familles nomades comprennent souvent plusieurs gers et
se déplacent au minimum deux fois l’an, au printemps en mai et au début de l’hiver en octobre. Cette circulation s’effectue généralement sur des distances ne dépassant pas une centaine de kilomètres, bien que des mouvements plus importants soient parfois nécessaires pour trouver de meilleures patûres. On vit encore d’une économie fondée sur les ressources animales, au premier rang desquels le cheval, domestiqué très anciennement dans ces prairies infinies. Traditionnellement, les nomades élèvent cinq espèces dites « Les cinq museaux » : chevaux, vaches ou yaks, moutons, chèvres et chameaux. Des rennes sont aussi employés par le peuple Tsaatan aux confins de la Sibérie, à l’ouest du lac Khovsgol. Les campements d’hiver sont situés dans des zones abritées du vent et on fait désormais volontiers usage d’une stabulation protectrice. Les vicissitudes de la vie nomade obligent à une observation météorologique constante, les prévisions s’attachent à l’état du ciel, aux astres, aux vents, aux brumes, aux échos, au comportement des bêtes…
Le nombre de nomades a fortement diminué ces dernières années et nul ne sait pour combien de temps encore ce nomadisme pastoral et sa culture spécifique seront à même de résister à l’attrait du confort moderne de la vie citadine ainsi qu’aux phénomènes de mondialisation de la culture d’une manière générale.