La terre troque le dur. Les glissages s’apprêtent à remplacer les services-volées. Place aux maestros, aux lifts, aux amortis et à l’arrosage des courts. De Casablanca cette semaine à Roland Garros à partir du 24 mai, les « gros » seront épiés, scrutés, observés non-stop. Le Masters de Monte Carlo, qui débute dimanche, va-t-il enfin trouver un successeur à Cédric Pioline, dernier vainqueur tricolore en 2000 ? Sur leurs terres, Verdasco et Ferrer vont-ils confirmer leur bon début de saison à Barcelone (12 avril) et Madrid (10 mai) ? A Rome (27 avril), Juan-Carlos Ferrero sera-t-il capable de réaliser le même exploit que l’an passé ? Car la principale interrogation est là. Le vétéran espagnol est le dernier joueur à avoir dominé Rafael Nadal. Le maître incontesté de la terre battue.
Nadal invincible ?
114. Un bon score de bowling certes, mais surtout un chiffre monstrueux. Depuis avril 2005 et une défaite face à Igor Andreev à Valence, Rafael Nadal s’est imposé à 114 reprises en 116 matchs, alignant même une série historique de 81 victoires consécutives, stoppée par Roger Federer en mai 2007 à Hambourg. Toujours invaincu à Roland Garros depuis sa première participation en 2005 –et son premier des quatre succès-, le Majorquin est injouable sur «sa » surface. Avec une cinquième victoire consécutive, Nadal inscrirait une nouvelle ligne dans le Guinness des records, écrasant ainsi le précédent record de Björn Borg.
Seul un Roger Federer en pleine possession de ses moyens pourrait l’en priver. A la recherche d’une première victoire sur la terre parisienne, le Suisse réalise un début de saison correct à défaut d’être exceptionnel. Toujours muet depuis le tournoi de Bâle en octobre dernier, mais finaliste à Roland Garros lors des trois dernières éditions, Federer mettra certainement un point d’honneur à se venger de l’humiliation subie l’an dernier (6-1, 6-3, 6-0).
Murray va-t-il confirmer ?
La solution « anti-Nadal » pourrait sinon venir d’Andy Murray. Enorme depuis le début de saison (26 victoires-2 défaites), le Britannique, au top physiquement, vainqueur à Doha, Rotterdam et dimanche dernier au Masters de Miami, doit pourtant confirmer sur une surface où il n’a guère brillé par le passé. Mais l’Ecossais de 21 ans, 4ème mondial, n’a rien à perdre, contrairement à Novak Djokovic. Avec 2800 points à défendre durant cette période de terre battue, le Serbe peut s’inquiéter. Dominé par Murray en Floride en finale, en manque de confiance, embêté par quelques pépins physiques et toujours gêné –selon ses dires- par son changement de raquette, il aura fort à faire pour conserver sa place sur le podium.
Un vainqueur français à Roland ?
A moins que les Français ne mettent tout le monde d’accord. Grands espoirs et beaux parleurs en début de saison, les quatre « ex-futurs » mousquetaires ont du mal à enchainer. « Remporter un grand chelem ». Tel était leur ambition commune. Mais seul Jo-Wilfried Tsonga confirme depuis un mois. Seul tricolore présent en quart de finale (à Miami) lors des deux derniers Masters américains, le Manceau a déclaré forfait pour Monte Carlo, préférant se préserver physiquement pour les levées futures et Roland Garros. Demi-finaliste la saison passée, Gaël Monfils peut créer la sensation. Sur terre battue, « sliceman » est à l’aise.
L’interrogation concerne essentiellement Gilles Simon et Richard Gasquet. Vainqueur à Casablanca l’an passé, Simon n’a guère d’autres références sur cette surface. Gasquet, lui, cumule les petites blessures. A moins que la solution et la surprise ne viennent de Paul-Henri Mathieu ou, pourquoi pas, de Jérémy Chardy. Une terre bleue serait de bien bel effet.
