Il fallait bien un répertoire russe -même si Serge Prokofiev est d’origine ukrainienne- pour saluer l’ultime prestation du Maestro Marco Guidarini avec l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Nice. Le Concerto pour piano n°1 op.23 de Piotr Illitch Tchaïkovsky comprend également ce qu’il faut de majesté dans la brève introduction des cuivres pour annoncer le talent du jeune pianiste Cédric Tiberghien. Un talent reconnu par un premier prix de piano à l’âge de 17 ans et consacré par le premier prix du prestigieux Concours Marguerite Long-Jacques Thibaud de 1998. L’architecture de ce morceau sied bien à cet artiste au visage d’adolescent: elle alterne des passages rebelles qui réclament une impressionnante virtuosité pianistique avec des mélodies nettement plus douces où ses mains semblent à peine effleurer les touches blanches et noires.
Maîtrisée -parfois un peu trop- par un Marco Guidarini toujours très inspiré, la Philharmonie niçoise se déploie sur des envolées lyriques, presque violentes qui cèdent tout aussi promptement au plus larmoyant des pathétismes, signature d’un compositeur connu pour ses multiples « contrastes ». Dans le deuxième mouvement où des pizzicati de cordes ouvrent la voix à un magnifique solo de la flûte traversière, les audaces du piano se succèdent même si Cédric Tiberghien semble plutôt s’en amuser dans une interprétation presque ludique, en harmonie avec l’atmosphère légère probablement influencée par un chant populaire inséré dans ces mesures. Alors qu’on attend un troisième mouvement plus rythmique, plus puissant aussi, l’interprétation semble privilégier la bonne entente avec le piano, reléguant l’ampleur orchestrale au second plan.
La deuxième partie, une version « recomposée » de la Suite d’Orchestre « Roméo et Juliette » de Serge Prokofiev, offre à la Philharmonie et à son Directeur musical l’occasion de faire partager des moments de perfection technique mais aussi de grande émotion: ce fut le cas avec la naissance de la passion entre les deux amants, magnifique séquence musicale au cours de laquelle la montée paroxystique des sentiments amoureux est précédée de l’expression presque syncopée des premiers émois, figures admirablement restituées par des respirations orchestrales qui ont enchanté le public. Le dernier morceau, « La mort de Tybalt », se veut du Prokofiev pur jus : une construction mélodique massive, des rythmes heurtés, le tout rendu soviétique à souhait par l’usage abusif des percussions. On connaît l’histoire particulièrement tourmentée du compositeur à l’époque de l’URSS. On compatira.
Attention! « Aïda » de Verdi à L’OPÉRA DE NICE au PALAIS NIKAÏA
VEN. 12 JUIN à 20h30, DIM. 14 JUIN à 20h30.
MER. 10, JUIN | 20h30 : Soirée réservée au jeune public, aux étudiants.
Tarif unique 5€,
Réservations en ligne : https://www.opera-nice.org/