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22 novembre 2024

Eric de Montgolfier entre humilité et passion

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Pendant sa semaine de vacances, l’équipe de Nice Première est heureuse de vous offrir une compilation de ses meilleurs articles. Pour cette troisième journée, vous retrouverez un hommage aux rédacteurs de Nice-Première qui durant un an ont écrit 2000 articles. Dans l’ordre : Franck Viano (402 articles), Vincent Trinquat (197), Audrey Bollaro (112), Barbara D (49 articles), Nicolas Pelazza (26 articles, Kira (23 articles), Elise (22 articles) sans oublier les chroniques littéraires de Jean-Luc Vannier. Vous trouverez donc en ligne aujourd’hui « L’Emploi à Nice » par Franck Viano, « Un beau mardi de fiançailles pour l’OGC Nice » par Vincent Trinquat, « Le casting de la Star Ac6 » par Audrey Bollaro, « Eric de Montgolfier entre humilité et passion » par Barbara D et enfin « Secours Catholique : l’ascenseur social est toujours bloqué » par Kira. Bonnes vacances pour les plus veinards et excellente semaine pour les autres. Dans son bureau au deuxième étage du Palais de Justice, le Procureur de la République de la Ville de Nice, Eric de Montgolfier, a accepté de répondre aux questions de Nice Première. Révélations sur son métier et sur l’actualité.

de-montgolfier.jpg Nice Première : Comment se porte le Procureur de la République à Nice ? Eric De Montgolfier : L’homme et le Procureur se portent bien ! Disons que l’un supporte l’autre. Nice Première : Quels sont les dossiers sur lesquels vous travaillez actuellement ? EDM : C’est une question un peu indiscrète. Ce sont des dossiers publics. Les autres ne méritent pas d’être avancés maintenant. Il y a des mesures à prendre sur certains dossiers qui nécessitent l’effet de surprise. Nice Première : Votre départ avait été envisagé. Est-il toujours d’actualité ? EDM : Par qui, par le Maire de Nice ? Pour l’instant je n’ai pas de projets à ce sujet même si je suis disponible pour un départ. Je considère que cinq ans sont suffisants. Mais cela ne dépend pas de moi. Alors, s’il faut que je reste même jusqu’à l’âge de retraite, ce ne sera pas cruel. Je me porte bien à Nice. Nice Première : Quelle est l’ambiance aujourd’hui au sein du Tribunal de Nice ? EDM : L’ambiance est normale. Les Palais sont un microcosme. Forcément certains s’aiment, d’autres pas. Mais on est loin de raser les murs comme auparavant. Les choses ont repris leur place. On rend la justice à Nice comme partout ailleurs. Concernant l’affaire d’Outreau. Quel est votre sentiment et quelles sont, à votre avis, les solutions pour empêcher de tels événements dans l’avenir ? EDM : Tout d’abord, il faut savoir pourquoi ces événements se sont produits. J’ai assisté récemment à un spectacle qui sur le plain humain n’était pas soutenable, celui d’un homme jeté dans la fosse aux lions sur lequel les uns et les utrs se sont fait les dents comme les griffes.
Dans un naufrage de cette nature, le juge d’instruction est un bouc émissaire bien comode. Maintenant, je ne connais pas ce dossier. Et c’est un avantage de ne pas en parler, faute de le connaître. Certains feraient bien d’en faire de même d’ailleurs
Tant de personnes ont été mises en examen puis finalement acquittées…c’est un constat objectif ! Le fameux dogme : les enfants disent la vérité, c’est faux. Je n’en ai pas le souvenir dans mon enfance ou dans celle de mes enfants. L’enfant doit être écouté et pas forcément entendu. Quant à la réaction de croire que cette erreur judiciaire est la première, c’est faux ! L’erreur judiciaire fait partie de la Justice et cette dernière tatonne. Ce type d’erreurs est une erreur humaine mais aussi une défaillance du système. Par ailleurs, à l’origine du système, il y a des hommes. J’en arrive à la conclusion que ces hommes doivent être mieux formés. J’éspère que l’on a pas attendu l’affaire d’Outreau pour cultiver le doute. Je dirais que les magistrats doivent cultiver l’humilité qui est une forme de doute. Nice Première : Une autre affaire très médiatisée, celle de Johnny Hallyday, pouvez-vous nous donner votre avis sur les multiples rebondissements de ce dossier ? EDM : C’est une affaire qui ne peut pas être simple car c’est une vedette nationale. Pourtant, sur le fond, elle n’est pas différente des autres affaires de suspicion de viol. J’ai essayé de la suivre comme une affaire normale cela a été très difficile, tout le monde s’en est mêlé y compris la femme du Président de la République. La presse a beaucoup été utilisée pour prouver une innoncence mais on ne prouve pas une innocence mais une culpabilité. Cette affaire m’a été désagréable. Nice Première : Quel est votre sentiment sur la présence de la presse dans le système judiciaire ? EDM : Mon sentiment…le meilleur comme le pire. Le meilleur, quand la presse joue son rôle. C’est à dire, contribuer à la reflexion de nos citoyens. Comme par exemple d’expliquer le fonctionnement de la justice. Mais le problème est que la presse est une entreprise. Par conséquent, elle fait du produit et du profit. Sous la pression de la concurrence, elle finit par créer une agitation considérable. La question que je me pose, c’est si l’important est d’amener les citoyens à comprendre ou s’il faut aller vers du sensationnel, dans les caricatures ? Mais il ne faut pas en vouloir uniquement aux journalistes car c’est le système économique qui conduit à cela. Nice Première : Quelle est l’affaire qui vous a le plus marqué dans votre carrière ? EDM : L’affaire Hallyday… Mais celle qui m’a le plus marqué est une de mes premières affaires. J’étais jeune magistrat à l’époque et j’étais en présence d’une erreur judiciaire en train de se commettre. Il s’agissait d’un vieillard agressé. Les soupçons se portaient sur un jeune un peu « fragile ». A mes yeux, cette procédure était précipitée. Quand j’ai lu le dossier, je me suis aperçu d’éléments étonnants, heureusement. J’étais convaincu de son innocence, car quand on sait qu’il a passé neuf heures agenouillé sur une règle dans une brigade de gendarmerie pour passer aux aveux, il y a de quoi être interpellé. Louis XVI avait aboli la torture avant la révolution, si c’est pour la restituer, ce n’est pas utile. La justice ça doit être humain. Nice Première : Quelle est celle que vous auriez aimé instruire ? EDM : Aucune. Mon seul regret est de ne pas avoir été avocat pendant l’affaire Dutrou. Même si je n’ai pas de sympathie pour lui, il est anormal que cet homme n’ait pas trouvé d’avocat immédiatement. Ce n’est que difficilement qu’il a trouvé quelqu’un pour se défendre. Mais en dehors de cela, ma vie est riche, rien ne m’a manqué ! Nice Première : Que pense un Procureur de la République des fameuses caricatures religieuses ? EDM : Je ne comprends pas ces réactions. On peut pratiquer une religion sans vouloir l’imposer au monde entier. Des caricatures, et alors ? Je suis catholique. Il y a déjà eu des caricatures sur le Pape, mais cela ne m’a pas atteint. Pourquoi ce summum d’intolérance ? Cela me choque. Ce n’est pas un irrespect d’une religion que de faire des caricatures de cette nature. Il faut que le monde apprenne à vivre dans la paix et le respect. Nice Première : Quelles sont les qualités indispensables à un Procureur de la République ? EDM : L’humilité et le respect de la loi. Bien que dans ce respect de la loi, il est difficile de ne pas politiser nos décisions. Mais comment ne pas le faire alors que la fonction de Procureur de la République est quelque peu politique. En fait, cette fonction est certes politique mais ne doit pas être politicienne. Par ailleurs, l’arrogance m’est insupportable. Prenez ce viel adage « Fort avec les faible, faible avec les forts. ». Je ne suis pas égalitariste mais je suis pour l’égalité. Nice Première : Un élu local avait affirmé que vous souhaitiez « l’enchrister ». Votre avis sur cette déclaration ? EDM : Cela fait tant d’années que j’entends des déclarations à mon sujet… Je n’ai pas vocation à placer des gens à la maison d’arrêt. Il est évident que ceux qui occupent les premiers barreaux de l’echelle sont exposés aux regards. Il est donc indispensable que ceux-ci soient capables d’en faire abstraction sinon, ils n’ont qu’à redescendre. Quant aux rumeurs à mon sujet, je n’y prête pas attention. Et puis je me dis que j’existe. Nice Première : Etes-vous toujours un adepte de « la petite reine » ? EDM : OUI ! Comment peut-on s’enfermer dans une voiture dans une zone où il fait beau ! Nice est une belle ville dont ceux qui l’habitent l’oublient. C’est tellement mieux en vélo ! Nice Première : Pourriez-vous mettre un mot sur les termes suivants ? EDM : Justice : Egalité Nice : Beauté Corruption : A rejeter Femme : Zoo, car je ne comprend pas cet égalitarisme qui veut protéger les femmes telles des espèces protégées. Personnellement, je ne fais pas cette distinction homme/femme. Mais pourquoi faut-il absolument qu’il y ait autant de femmes que d’hommes au Parlement par exemple. Pour autant, j’approuve le fait qu’une femme doive percevoir un salaire égal à celui d’un homme. Et je dis cela justement car je ne fais aucune discrimination. Juge : Justice/Humilité Avocat : Complémentarité Déontologie : un rêve-passe République : Equivoque, car la République n’est pas un système de gouvernement comme certains peuvent le penser. La République, c’est la « chose publique ».
Le Procureur de la République n’est pas un agent de l’Etat mais quelqu’un qui prend soin de la collectivité. Et ceci, au-delà des clivages, des antagonismes et des intolérances. Football : Triste, l’argent sous la pelouse. L’argent prime dans le sport d’aujourd’hui. Tout produit trop d’argent dans ce pays. L’argent est le vrai moteur de cette société. Heureusement, quelques sports paraissent encore échapper à cela. Nice Première : Si vous deviez vous définir en un livre et un personnage célèbre ? EDM : Un livre : « Les Cavaliers », de Joseph Kessel. Un personnage célèbre : La diversité de l’humanité est telle que je n’ai pas envie de choisir. Chacun a des caractéristiques. Je m’attache plutôt aux personnes que je connaîs, faites de chair et d’os. J’existe à ma mesure et ça me suffit ! Propos recueillis par Barbara Dodaro et Franck Viano. Retrouvez l’interview en audio en cliquant sur la photo : interview-demontgolfier.wmv

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