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22 novembre 2024

Eric Bouvron ou l’hommage plein d’émotions des Bushmen d’Afrique australe

Vincent Marty
Vincent Martyhttps://www.nicepremium.fr
Ancien rédacteur en chef du site d'information Nice Premium. Chef de projet web et social. Intervenant à l'IPAG Business School.

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Eric Bouvron
Eric Bouvron
Né en 1962 à Alexandrie (Egypte), Eric Bouvron d’origine Franco-grecque a grandi en Afrique du Sud. C’est après toutes ces années de partage entre ces différentes cultures et la rencontre des Bochimans (Hommes des buissons) que ce comédien de talent se confie sous la tente du palais des congrès de Juan-les-Pins.

Nice Premium : Pourquoi un tel attachement au peuple des Bushman ?

Eric Bouvron : Comme je l’ai dit pendant le spectacle, j’ai rencontré les Bushman quand j’avais dix ans. J’ai vu la manière dont ils bougeait et comment avec rien, ils faisaient un univers. Habitant en Afrique du Sud, je ne m’étais pas intéressé à tous les groupes ethniques autours. C’est en revenant en France que je me suis rendu compte que ce n’était pas en Europe que je trouverais toutes les richesses que je cherchais. Mais c’était plutôt chez moi, en Afrique, là où j’habitais.
Les Bushmen sont toujours restés dans ma tête, c’était une fascination. Ils ne faisaient pas parti des autres africains. C’est un peuple à part. C’est même un peuple qui subit un génocide depuis 7 siècles. On les chassait comme des animaux. Ce n’est pas un peuple guerrier. Ils ne savent pas se défendre. Ils sont doux et vivent en harmonie avec la nature. Ils sont comme les indiens d’Amérique, les Aborigènes ou les Inuits.
Je n’étais pas prêt à aborder ce sujet jusqu’à maintenant. Dorénavant je suis prêt à parler de ce peuple.

NP : Les Bushmen sont situés dans quelle région d’Afrique ?

EB : Ils sont éparpillés sur 4 pays. Le Botswana, l’Afrique du sud, l’Angola et la Namibie. Ils ne sont que 80 000 et à peine 1 000 à conserver leur rythme de vie. Ils n’ont pas besoin d’être secoués par la mondilisation. Certains pensent l’inverse, mais non, il faut laisser les gens être heureux dans le petit rien qu’ils ont.

NP : Dans votre spectacle vous trouvez que la culture américaine est aux antipodes de leur culture ?

EB : Bien sûr c’est un petit clin d’oeil, mais les américains ont fait leur propre voyage dans leur culture. Ce n’est donc pas comparable. C’est un clin d’oeil au monde matériel à côté d’un Homme qui ne connaît pas ça. Cela fait un joli contraste.

NP : Et aujourd’hui vous vivez encore en Afrique du Sud ?

EB : Non, maintenant j’habite en France. Je retourne quand je peux en Afrique, mais je suis Français, Sud-Af’, sans oublier mes racines, j’ai besoin de les retrouver.

NP : Que pensez-vous d’une émission comme « Voyage en terre inconnue » ?

EB : L’émission où les gens partent avec des vedettes ? Je réserve mes commentaires pour moi (sourire). Je trouve que…bon je vais vous les dire (rire). Je trouve que c’est surtout une bonne publicité pour la vedette qui y va. Des fois cela ne rend pas justice. Cela montre, parfois le blanc qui est supérieur à l’ethnie. Quand quelqu’un va dire « bonjour », « au revoir », « merci », « merci beaucoup », cela devient presque un peu pathétique pour moi. Je donne un exemple, pour les Busmen, le mot « merci » n’existe pas. Il n’a pas besoin de se faire harceler par quelqu’un qui va faire une émission pour se faire de la fortune et de jolis voyages. Mieux vaut faire des voyages et de jolis documentaires où l’on entre dans la vie de ces gens là. On peut faire des choses plus profondes, on n’a pas besoin des vedettes qui n’y connaissent rien. Si c’est la personnalité qui fait la démarche car elle connaît, oui, mais si c’est juste la faire partir en voyage pour lui dire « viens tu vas voyager »…

NP : Vous rendez hommage aux Busmen durant tout votre spectacle, pourquoi avoir choisi le rire pour faire passer ce message sur leur vie ?

EB : Le rire c’est quelque chose dont j’ai besoin à l’intérieur. Je fais rire les gens et j’aime aussi faire du théâtre. Avec le rire on fait venir les gens dans un monde. Une fois qu’ils sont saisis par l’émotion, ils vont découvrir. Il y a le rire et au bout d’un moment le rire change. Le rire ce n’est qu’une émotion qui approfondit le propos.

Eric Bouvron
Eric Bouvron

NP : Une façon pédagogique de faire passer le message aux gens ?

EB : Même si j’adore la pédagogie et que j’enseigne, je n’essaie pas d’être ni pédagogue, ni moralisateur. J’essaie de faire d’abord un spectacle qui est intéressant. Parce que le spectacle ou le sujet m’intéresse, je pense que cela va intéresser les autres. Je ne suis qu’un artiste pas un moralisateur. Si c’est la cas je me trompe sachant que je ne veux pas faire un documentaire non plus. C’est trop facile d’être moralisateur quand nous-même on a des choses à améliorer dans notre vie. Je ne vais pas sauver la planète ni les Bushmen mais je ferai au moins un petit pas en disant que je sui un Homme un peu plus digne.

NP : Tout à l’heure vous avez dit « on » en vous identifiant à un Bushman, mais vous êtes occidental et vous en parliez également dans votre spectacle concernant le blanc qui va voir des ethnies. Le fait que ce soit un blanc, un occidental qui parle des Bushman c’est un avantage ou un inconvénient ?

EB : Qu’est-ce que vous en pensez ? Quand on voit un blanc qui fait un petit Bushman. Je joue un rôle. Ce qui est magnifique c’est que je ne savais pas si le public rentrerait dans l’histoire. C’est ça qui est magnifique au théâtre. Avec rien, avec ma peau, mes cheveux, mes yeux qui sont différents, je pense que vous avez tout de même voyagé dans la peau d’un Bushman. A ce moment là tu dis « ouaouh » et c’est ça la force quelque part. Moi, j’étais fasciné par ces gens là, la façon dont ils bougent, comment ils sont, de ne pas être léger, dynamique comme eux, mais j’essayais !

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