« On les a peut-être trop respectés » …. Une phrase répétée successivement par l’entraîneur et les joueurs après les deux derniers échecs pour autant d’années, face aux marseillais au Ray, en 2007 et 2008 (0-2). A chaud mais également à froid. Une erreur de communication pour certains . Un manque d’arguments expliqué par la défaite pour d’autres. La dépression des supporters avait commencé ici , face à la déception mais également en protestation contre le manque d’envie affligeant affiché par l’équipe rouge et noire et des excuses qui ne passent pas ,à l’occasion de ce derby un peu spécial qui dépasse le cadre du football . Pas considéré comme tel par les médias nationaux.
Une rencontre sportive qui englobe l’ensemble des rancœurs, velléités qui sont la conséquence d’un agrégat d’épisodes qui composent l’Histoire du Sud-Est. Un match qui canalise toutes les rivalités entre deux camps qui ,géographiquement séparés de 200 kilomètres, ne s’apprécient guère . L’un est le chef-lieu de la région PACA, l’autre en dépend malgré sa zone urbaine d’un million d’habitants …. Certains décideurs voudraient d’ailleurs y changer l’acronyme régional pour un « Provence » simple et net mais occultant la réalité de la spécificité de Nice et de son Comté d’un côté, de Alpes de l’autre . Le niçois l’a toujours eu mauvaise face à un voisin encombrant , son lot d’arguments ne manquant pas comme la question délicate de l’absence de Cour d’Appel dans les Alpes-Maritimes. Une liste d’exemples aussi longue qu’une lettre adressée au Père Noël .
Et le football dans tout ça? Il est devenu le « tensiomètre » , celui qui mesure les maux et panse les plaies morales. Pour la vox populi , il est en quelque sorte ,depuis plus de 30ans , le vrai organe représentatif d’un territoire, d’une culture , de symboles ou valeurs etc….Une relation affective qui fait naître des émotions que la vie courante ne procure pas . Il fait rêver là où la société a échoué .
Un match qu’on aborde comme les autres chez les visiteurs. A Marseille on se préoccupe plutôt de Paris et sa région, devenu l‘ennemi numéro 1. A Nice, en revanche, on essaie surtout de balayer devant sa porte , les nombreux maillots phocéens , symboles du foot business, peuplant les rues de France et de Navarre devenus insupportables de provocation pour ceux qui aiment profondément et sincèrement le Gym et ses couleurs….Selon une étude récente de Google , les mots « Olympique de Marseille » seraient en deuxième position de ceux les plus utilisés par les français via le célèbre moteur de recherche internet….Derrière Secret Story . La grippe A , elle, est battue . Les Girondins , Gourcuff et leur victoire sur la Juventus sont loin. Stephen King parlait de « Monstre foule » dans son roman « Marche ou crève » lorsqu’il évoquait le poids écrasant d’une majorité aveuglée , dans un monde à la recherche d’un modèle. A tout prix.
Difficile alors de se faire une place face à un club devenu une marque aussi froide que la virgule ou les trois bandes et qui reçoit sans cesse
quantité d’honneurs médiatiques qui ont su fatiguer les supporters d’équipes plus performantes telles que Bordeaux ou Lyon . Mais qu’importe si la reconnaissance nationale n’a jamais été son point fort , l’OGC Nice et ses supporters savent qui ils sont , quelles sont leurs valeurs et pourquoi ils les véhiculent . Les joueurs, eux, devraient sentir cette pression palpable qui les contraint à se sublimer encore plus qu‘à l‘accoutumé, à l‘approche d‘un rendez-vous qui est un point de départ des humeurs, voire de la future affluence . Ce n’est pas un match de gala. C’est une question d’honneur et de fierté . Et si chacun y met du sien , même dans la défaite, le Ray saura vibrer, le vieux stade aura brillé. Il faut tout donner .
