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22 novembre 2024

Une occupation anti-CPE très psychologique

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greve_psycho_021.jpg Une trentaine d’étudiants mobilisés jours et nuits, une occupation et un blocus des locaux, des revendications classiques (non au CPE, non à la précarité) et pourtant la grève au pôle universitaire Saint Jean d’Angély diffère des autres, loin des clichés habituels des mouvements étudiants. Ils s’appellent Aurélien, Sarah, Lara… Ils font partie des leaders de l’anti-CPE du campus de psychologie. « Nous sommes ni politisés ni syndiqués. Nous sommes contre le CPE et on a mis en place une structure pour gérer le mouvement sur la fac de psychologie. Les débuts furent un peu laborieux mais on est parvenu à mieux s’organiser avec trois commissions : communication, réflexion, action », explique Sarah coordinatrice du mouvement. Le discours appliqué, elle parle de respect, de pédagogie, de compréhension et d’écoute. Fac bloquée certes mais les étudiants ne seront pas pénalisés. Le blocus est soutenu par les professeurs qui ont voté une motion précisant que les partiels ne porteront pas sur les cours non suivis. La doyenne autorise l’utilisation des photocopieuses afin de distribuer des tracts.

Depuis l’Assemblée Générale de lundi, le noyau dur dort dans un amphi. Duvets, sacs de couchages, et humeur bon enfant : les étudiants vivent en communauté dans une ambiance camping. Mais ce temps partagé ensemble leur a permis de préparer l’AG de mercredi, de réfléchir aux actions à mener et à créer de nouvelles banderoles. Un long travail de compréhension du CPE a été effectué, le texte de loi décortiqué, greve_psycho_002-2.jpg les interventions gouvernementales analysées. Un tract a été conçu où apparaît, de façon neutre et en s’appuyant sur le code du travail, les spécificités du CPE, du CDD et du CDI. Le souci d’être irréprochable, de ne faire aucune propagande et de laisser choisir librement des étudiants ainsi sans influence. Devant l’Amphi I, quartier général des « bloqueurs », un panneau récapitule toutes leurs idées et réflexions.

Une union pas syndicale mais fraternelle est née. « Nous occupons mais nous respectons les locaux », précise Sarah. Une scène pour le prouver : il est 12h30. Après avoir mis au point les derniers détails de l’assemblée générale, c’est l’heure du grand ménage. Armés de balais, d’une poigne énergiques, les grévistes nettoient. On prend soin du lieu de vie. On recommande : « Si vous mangez ici ramassez vos miettes ».

C’est une grève rafraîchissante. Elle paraît authentique sans autocollants syndicaux, sans tracts de propagande politique et une ouverture d’esprit aux saveurs citoyennes. « Il y a des opposants au blocus. On le conçoit. On rassure les universitaires qui craignent pour leur diplôme. On se fait critiquer sur les forums étudiants mais on reste ouverts au dialogue et aux échanges d’idées », précise Sarah diplomate. Le mouvement n’est pas radical. Les étudiants en médecine et dentaire se trouvant sur le même pôle universitaire peuvent continuer à aller en cours.

A l’opposé des images de violences et d’affrontements nourris par les provocations en tout genre de casseurs le plus souvent mais aussi d’étudiants incontrôlables, à Saint-Jean d’Angély tout est calme, apaisé, serein et réfléchi. Les revendications sont pourtant identiques.

14h approche. L’Assemblée Générale décidera si le blocage sera reconduit. C’est également un vote de confiance pour la trentaine de grévistes. Depuis 48 heures ils font leur nécessaire pour que leurs modalités de protestations soient efficaces, appréciées.

greve_psycho_058.jpg L’AG se déroule dans le calme. L’Amphi est rempli au trois quart. Les prises de paroles ne sont pas interrompues. Les orateurs sont écoutés même les opposants le sont, sans véhémences ou huées. De nouveaux arguments anti-CPE apparaissent. « C’est une question de dignité humaine. La question n’est pas : est-ce que les patrons sont des cons ou pas. La question c’est : est-ce qu’on va autoriser une loi qui ouvre une brèche au non respect de la dignité humaine ». Léa est applaudie. Même discours pour Olivier : « les employés qui subiront ce contrat, je les compare à des chevaux que l’on mène à l’abattoir.
J’ai plus de 26 ans mais je soutiens totalement le mouvement. »

Le moment tant attendu des votes arrive. Levées de carte d’étudiants, décompte des voix. Le blocus est reconduit : 280 pour et 71 contre. La mobilisation se poursuit à Saint Jean d’Angély. Elle récompense le travail effectué depuis le début du mouvement par Aurélien, Sarah, Lara et les autres… Des simples anonymes qui par leurs convictions et presque malgré eux sont devenus leaders d’un mouvement étudiant.

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