Nice Premium : Durant quelle période vos concitoyens se sont-ils installés à Nice et dans les Alpes-Maritimes ? Quelles en ont été les principales raisons ?
Bruno Capaldi : Nous pouvons affirmer que les Italiens ont eu, de tout temps, une forte présence à Nice ; tout d’abord au cours de la période du royaume Savoie-Piémont-Sardaigne et, après, avec le rattachement du Comté de Nice à la France (1860).
Jusqu’au milieu des années 1970 les Italiens qui s’établissaient dans le département pour des motifs économiques (BTP, agriculture,
Hôtellerie).
A partir de 1975 nous assistons à l’arrivée des ressortissants italiens dont le niveau de vie général est très élevé, ceux-ci travaillant dans les entreprises de la zone de Sophia Antipolis en tant qu’ingénieurs, cadres, etc… Nous assistons aussi à la création des PME/TPE dans les services et le BTP.
Au début des années 1990, nous assistons à l’arrivée de toute une autre population italienne qui s’installe à Nice en achetant un pied à terre où elle passe quelques mois de l’année, ce sont souvent des retraités avec un fort pouvoir d’achat.
N.P : Combien de ressortissants de votre pays ont une vie stable à Nice et dans les Alpes-Maritimes ?
B.C : A cette question il faut répondre avec une lecture multidimensionnelle.
En effet, la circonscription consulaire de Nice (Consulat général) couvre 3 départements (04,05,06). Les Italiens résidents dans les 3 départements. Ils sont au nombre de 26.000(Inscrits à AIRE : l’état civil du consulat).
A Nice vivent 6.700 Italiens recensés à l’AIRE
(Etat civil des italiens vivants à l’étranger et connus au Consulat). Dans les Alpes-Maritimes, on récence 16.000 italiens. A cela il faut ajouter les italiens qui ont un logement à Nice ou sur la Côte d’Azur et qui ne sont pas connus des Services du Consulat. Nous arrivons à un chiffre d’environs 50 000 Italiens. Pour le tourisme, il faut savoir que notre département attire en moyenne 1,5 millions d’italiens par an et qui font le bonheur des hôteliers, des restaurateurs, etc.
N.P : Quand célébrez-vous votre fête nationale ? À cette occasion, y a-t-il une cérémonie particulière ?
B.C : La Fête Nationale italienne est le 2 Juin (Jour de la proclamation de la république en 1948 suite à un referendum).
Le Consulat Général d’Italie organise dans ses salons (72 Bd. Gambetta) une réception ouverte aux ressortissants italiens et aux principales autorités civiles et militaires françaises.
N.P : Comment votre communauté s’intègre-t-elle avec la vie locale ? Existe-t-il une association qui permet d’entretenir des liens ainsi que les traditions culturelles avec votre pays ? Quel est son nom et quelles sont ses activités ?
B.C : L’Italien a pour vocation de s’intégrer dans le pays d’accueil, il faut savoir qu’à l’étranger il y a autant d’italiens ou individus d’origine italienne que ceux qui vivent dans la mère patrie (60 millions). La plus grande ville italienne dans le monde est Buenos-Aires (5 millions d’italiens ou d’origine). A travers le monde il y a 5350 associations italiennes de plus les associations ont donné lieu à la création des COM.IT.ES (Comitato degli Italiani all’estero) structure de base qui s’est dotée d’un CGIE (Consiglio Generale degli Italiani all’estero), structure avec des fonctions consultatives auprès du gouvernement. Ces 2 dernières structures sont élues au suffrage universel direct.
Il existe des associations à but culturel, et régional; elles perpétuent les traditions de l’Italie et le développent de l’enseignement de la langue italienne.
Mais la structure de référence à côté du Consulat est bien entendu le COMITES qui a un rôle institutionnel et politique. Le siège est situé non loin du consulat (5 Av. du parc Imperial).
Enfin depuis 2006, 4 millions d’italiens résident à l’étranger. Ils élisent 12 députés et 6 sénateurs qui les représentent au Parlement, ce sont des hommes et des femmes issus de l’immigration ; cela est le fruit de luttes engagées par le mouvement associatif en Italie et à l’étranger et les 125 Comites disséminés à travers le monde.
N.P : A votre connaissance, vos compatriotes sont-ils à l’origine de nombreux mariages mixtes et particulièrement avec des personnes de quelles nationalités ?
B.C : En France il y a 350.000 italiens résidents, mais l’on pense que 3 à 4 millions sont des italo-français. Ceci est la preuve que l’italien n’est pas réfractaire au mélange des cultures et des mariages avec les autochtones.
N.P : Votre communauté a-t-elle des liens spéciaux avec des communautés d’autres pays ? Pour quelles raisons ?
B.C : L’italien est par nature ouvert sur le monde ou d’autres communautés, mais ici dans la région nous n’avons pas de liens privilégiés avec d’autres communautés. Le Comites a eu des contacts avec la communauté arménienne de Nice, mais cela n’a pas donné lieu à de grandes initiatives.
Depuis quelque temps, le comites s’est bien intégré dans son quartier : le parc Impérial, ils ont des liens avec le comité de quartier et nous avons commencé à organiser des activités en commun ; (visite guidées de la cathédrale Russe, participation à nos diverses manifestations culturelles au Consulat, etc.
N.P : A votre avis, Nice est-elle une ville qui offre aux étrangers des facilités d’adaptation ? Selon vous, votre communauté rencontre-t-elle des difficultés ? Si oui, lesquelles ?
B.C : Nice est par nature une ville ouverte et donc donne des possibilités d’adaptation. Le soleil et la mer ne donnent pas tout, même s’ils sont un atout pour la ville. Culturellement il n’y a pas de grandes difficultés, on peut les rencontrer dans le domaine économique, de l’emploi et du logement. Le foncier étant cher dans la région, l’italien ayant des revenus moyens qui vient s’installer sera confronté immanquablement aux problèmes du logement. Comme vous voyez, la crise est partout…