Pourrions-nous imaginer acheter nos médicaments en ligne ? Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, réfléchit à cette éventualité. Pour s’aligner sur d’autres pays européens comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, elle songe à légaliser la vente de certains produits sur Internet (antalgiques, veinotoniques, amincissants, etc) commercialisés en libre-service dans les pharmacies. Elle entend ainsi réguler la vente de produits pharmaceutiques en ligne qui a le vent en poupe. Selon une étude menée récemment pour le laboratoire pharmaceutique Pfizer, 2,3 millions de Français auraient acheté sur la Toile en majorité des stimulants sexuels et des produits amincissants.
Jean-Marie Soyer, président du syndicat des pharmaciens des Alpes-Maritimes, ne s’est pas réjouit de l’information diffusée le 8 avril 2010 dans les médias. Il s’interroge sur l’évolution de la pharmacie française : « je ne sais pas ce que ça va amener de bien. En France, le réseau de proximité permet de trouver des pharmacies sur tout le territoire, même à la campagne ».
Un risque de contrefaçon
Actuellement, les remèdes que l’on se procure en pharmacie, sont issus des laboratoires pharmaceutiques. Ce sont des produits garantis qui répondent à des normes de traçabilité. En légitimant la vente de médicaments sur le Net, demeure le danger de contrefaçon. « L’approvisionnement risque de ne plus être le même », énonce Jean-Marie Soyer.
Autre problème : le manque de conseils. Si les pharmaciens restent à la disposition de leurs clients, l’achat de produits thérapeutiques en ligne ne leur permettra plus de suivi personnalisé.
Pour l’instant, la vente de médicaments sur Internet reste à l’état de supposition. La France demeure indépendante en matière de santé publique face à la législation européenne.
Mais n’assiste-t-on pas à une banalisation de la vente de remèdes ? Depuis deux ans, le décret « médicaments de médication officinale » met en vente librement 248 produits dans les pharmacies.