500 étudiants devant la fac de droit de Nice. Des banderoles, des palabres… Ils protestent contre le blocage de la Fac. A la demande du syndicat Unef, la première AG du campus doit se tenir à 12h30. « Nous ne voulons pas que l’Unef qui n’a aucun droit ici impose le blocus. Des personnes extérieures à la fac vont tenter de s’immiscer dans l’amphi. Nous souhaitons rester souverain », explique Céline étudiante en master de droit public.
La tension se ressent. Regroupés devant l’entrée du campus, ils redoutent l’arrivée d’étudiants de la fac de lettres. Pour les futurs juristes, respectueux du droit d’étudier, et même si les avis sont partagés concernant le CPE, il est inacceptable de se voir interdire l’accès aux amphis et aux salles de cours. C’est une des raisons pour laquelle aucune assemblée ne s’était déroulée depuis le début du mouvement anti-CPE. « Si nous sommes pas d’accord nous allons manifester mais ne touchons pas à la liberté d’étudier qui est un droit fondamental », résume Julien.
L’heure de l’AG approche et la peur de se voir envahir grandit. Un brin d’exagération, circulation de fausses rumeurs. L’amphi 1 s’apprête à vivre une des plus fortes oppositions au mouvement anti-CPE. Les étudiants s’amassent devant l’entrée, munis de leur carte d’étudiant. Il faudra montrer pattes blanches pour pénétrer dans l’enceinte de l’assemblée générale. Un à un les bancs se remplissent. Le filtrage est rigoureux. L’amphi ne fait que 150 places. Il est trop petit pour accueillir tout le monde et ne rentreront que les farouches opposants au mouvement anti-CPE.
La salle se remplit doucement. Alors qu’elle est presque pleine les membres du collectif anti-cpe choisissent ce moment pour faire irruption. Bousculades. Injures. Quelques baffes mêmes. Leur incursion par une porte dérobée n’est pas du goût des étudiants en droit qui croyaient avoir tout fait pour ne pas que cela se produise. La tribune des étudiants juristes octroie la parole à la représentante de l’Unef, le syndicat étudiant. Elle expose les raisons de sa présence en mettant en avant sa volonté de débattre et son droit à prendre la parole. Huées, quolibets : les étudiants en droit n’ont pas envie de débattre sur pour ou contre le blocage. Ils sont catégoriquement opposés au blocus puisque cela est hors-la-loi. Le dialogue étant impossible, les étudiants syndiqués Unef battent en retraite. La fac de droit à Nice ne sera sans doute jamais bloquée. L’AG se poursuit quelques minutes dans la cacophonie. Le pseudo débat restera stérile. L’attente, les angoisses, la colère de se voir envahir ont exacerbé les futurs juristes. Plutôt paroles à l’attaque qu’à la défense.
Une fois l’amphi évacué, les esprits se calment et les étudiants retrouvent leur sérénité. Sébastien Bonfils, un des représentants des étudiants en droit, analyse : « Nous avons été pris de court. Nous n’avions pas envie de cette assemblée générale et elle nous a été imposée. Nous avons eu peur que 100 étudiants pro blocus votent le blocage de notre fac alors qu’une très large majorité d’entre nous veulent poursuivre les cours. Nous n’avons pas besoin de vote pour le montrer. Il suffit de voir le nombre d’étudiants qui s’étaient mis à l’entrée pour empêcher l’accès aux personnes extérieures. Et s’ils faut voter on votera mais pas en AG. On installera des urnes. On les laissera quelques jours pour que tout le monde puisse voter et on contrôlera que seuls les étudiants en droit déposeront leurs bulletins ».
Les futurs juristes ont la réputation d’être calmes, posés, réfléchis mais lorsqu’on ose toucher à la liberté d’étudier, ils deviennent des furies. Ils se défendent et attaquent et sans plaidoirie. L’intransigeance prime : il est hors de question qu’on leur impose le blocage.