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22 novembre 2024

L’Edito du Psy – Ballon rond ou hexagonal?

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jpg_bobine2008-94.jpgCe sera certainement le match phare de la rentrée. Une vraie rencontre celle-là, qui promet d’être « sportive », « à haut niveau ». Et pas forcément « amicale ». A l’automne, un duel pourrait opposer Nicolas Sarkozy à la FIFA. Dans le prolongement du psychodrame médiatique et de l’impressionnante déroute des Bleus, le Président de la République a annoncé la tenue des « Etats Généraux du Football français ». La Ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, a donné le « la » en dénonçant le comportement de « caïds immatures » au sein de l’équipe, jugeant « inéluctable » le départ du président de la Fédération française de football (FFF) Jean-Pierre Escalettes. Des « interférences politiques » inacceptables et à même d’entraîner une « réaction de la FIFA », a sèchement répliqué le Secrétaire général de la Fédération internationale de football, Jérôme Valcke. Lequel revendique « l’autonomie du mouvement sportif ». Une nouvelle opposition entre la politique et le sport après l’épisode de la Marseillaise sifflée au Stade de France, affaire pour laquelle l’Elysée avait demandé, sans succès, l’interruption du match comme mode de sanction ( https://www.nicepremium.fr/article/l-edito-du-psy-football-et-marseillaise-carton-rouge-pour-le-ballon-rond-.3874.html ).

S’ils s’affrontent en apparence, la politique et le football visent pourtant le même objectif: capter les faveurs de l’opinion. Dans les bulletins de vote pour la première. Dans les caisses de la Fédération pour le second. Une opinion publique à prendre en compte si l’on en croit Jean-Louis Valentin, ex-Directeur de la Fédération française de football: « dans le foot, a-t-il expliqué, on ne peut pas aller contre l’opinion ». « Le divorce d’avec les Français s’est noué après la victoire contre l’Irlande: un match qu’on aurait dû proposer de rejouer ». Un édifiant sondage Ifop, réalisé les 24 et 25 juin et publié par Sud-Ouest, confirme une lecture à la fois morale, politique et nationale de la défaite de l’équipe de France: pour 53% des personnes interrogées, « la façon dont l’équipe de France s’est comportée durant la Coupe du monde » est « plus généralement révélatrice des dysfonctionnements et de la perte des valeurs qui touchent la société française dans son ensemble ». Un chiffre qui atteint 56% pour la tranche d’âge des « 35 ans et plus ». Selon Sud Ouest, les retraités (60 %), les employés (58 %), les sympathisants de droite (57 %) et du Modem (58 %) y voient davantage et majoritairement l’illustration d’une crise des valeurs plus profonde touchant l’ensemble de la société.

En période de rigueur économique, c’est sans aucun doute le thème de l’argent qui cause le plus de dégâts : en premier lieu, le budget de 200 millions d’euros géré par la Fédération. Un montant qui nécessiterait un véritable management, une « présidence active et d’incarnation » selon Jean-Louis Valentin qui critique la moyenne d’âge des dirigeants. Un mal français largement connu. En ligne de mire également les « voitures fantastiques des Bleus » avec une passionnante revue de détail éditée par Yahoo.auto : « la Ferrari 430 de Patrice Evra estimée à 172.000 euros…la rarissime Ferrari Superamerica à 275 000 euros de Nicolas Anelka…une low-cost au regard de la voiture de William Gallas, une Mercedes SLR qui chiffre 500.000 euros ! ». On comprend la colère du chef de l’Etat contre les footballeurs français. Sans le gain politique d’une place d’honneur au Mondial, ces derniers contrarient en plus son slogan présidentiel: ils gagnent énormément sans travailler beaucoup!

En accusation, ensuite, la « starisation » individuelle, excessive -sinon pathologique- des joueurs qui finissent par souffrir d’un étonnant déficit narcissique : « Avant on me parlait plus, j’étais sur le devant de la scène. Quand on n’a plus de crédibilité dans un groupe, ça devient difficile. La fierté d’un homme en prend un coup», a tristement avoué Thierry Henri au Grand Journal de Canal+. La réception à l’Elysée vaut désormais -brève- séance thérapeutique sur le divan. Sans parler de la communication et des rapports à la presse: la « culture du secret qui est d’un autre temps », selon Jean-Louis Valentin, n’est pas sans rappeler l’actualité politique où la morale s’offusque brusquement le lendemain de la publicité. Jamais la veille.

Identification projective, souffrante, des Français dans les maux du ballon rond? Excessive idéalisation transférentielle de leur part et sur le monde du foot des attentes déçues en provenance du système politique? Dès le premier match, les dix huit millions de spectateurs -et d’électeurs- ont peut-être pensé échapper aux soucis du quotidien et aux remises en cause qu’il annonce, en rêvant tout en bleu: c’est aussi, paraît-il, la couleur des volutes d’opium.

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