C’est presque trop facile. La division créée par le débat autour de la burqa était inévitable voire même attendue, et cela en raison de la dimension religieuse qui lui a été conférée et des amalgames qui en découlent.
Or, le débat suscité par l’interdiction généralisée du port de la burqa dépasse de loin la simple conciliation entre le principe de laïcité et la liberté de manifester et d’exprimer ses convictions religieuses.
L’homme moderne est choqué par un vêtement qui se heurte aux fondements de sa société, une société libérale qui s’est construite autour du regard. La toute première relation humaine s’établit par le regard. Au même titre que la parole, le regard est un moyen de communication qui parfois en dira beaucoup plus que certains mots.
On ne peut avoir de dialogue avec quelqu’un que l’on ne voit pas. Une femme que l’on ne voit pas.
Garanti par le troisième alinéa du Préambule de la Constitution de 1946, le principe de l’égalité entre hommes et femmes ne saurait souffrir d’aucune exception et je ne cacherai pas ma conviction de l’importance de cette loi lorsque le port de la burqa est imposé.
Toutefois, qu’en est-il de l’autonomie de la personne et de la liberté de se vêtir à sa guise ?
Lorsqu’il est libre et éclairé, le choix d’une femme de porter la burqa est l’émanation pure et simple de sa liberté la plus élémentaire de s’habiller comme elle l’entend, et la vie privée devrait, par principe, échapper à l’intervention sociale.
Si la femme en burqa choque, la femme en monokini n’en fait-elle pas autant ? Pourquoi vaudrait-il mieux être exhibitionniste qu’excessivement pudique ?
En tout état de cause, la décision rendue jeudi dernier par le Conseil constitutionnel valide la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public et clôture ce débat qui n’a que trop duré.
Les Français sauront se recentrer sur les véritables scandales qui menacent aujourd’hui la République.
Jules CONCAS
Élève-Avocat
