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22 novembre 2024

Décevante Natalie Dessay à l’Acropolis de Nice

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Frédéric Chaslin
Frédéric Chaslin
Elle était d’autant plus attendue qu’elle avait décliné l’invitation à interpréter le rôle de Blanche de la Force dans les « Dialogues des Carmélites » en ouverture de saison à l’Opéra de Nice. En contrepartie, elle avait promis au public niçois un concert exceptionnel. Elle le lui a offert jeudi 21 octobre à l’Acropolis dans un programme divisé en deux parties: des vocalises plus ou moins inspirées de celles enregistrées en 1998 avec le Berliner Sinfonie pour Emi Classics et deux grands airs -seulement- de ses oeuvres fétiches: celui dit du « Cours La Reine » du Manon de J. Massenet et le « Sempre Libera » dans la Traviata de Verdi. Concert entrecoupé de pièces musicales dont plusieurs ouvertures, le « Roi d’Ys » d’Edouard Lalo, « Wutherings Heights » (Les Hauts de Hurlevent) opéra écrit par le maestro de la soirée et « I Vespri siciliani » de Verdi, toutes interprétées par l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Nice sous la direction de Frédéric Chaslin, récemment nommé Directeur musical de l’Opéra de Santa Fe aux Etats-Unis. Malgré sa vigoureuse impulsion et sa générosité manifeste dans son rapport avec la Philharmonie, le chef français a eu tendance à privilégier les effets sonores partiels et à exagérer la mise en relief de séquences aux dépens d’une harmonie plus générale. Au risque, par exemple, de faire surjouer des Cuivres dans le premier morceau ou de réduire la sensibilité présente dans l’Ouverture des « hauts de Hurlevent » par le choix discutable d’épaissir certains traits mélodieux.

Natalie Dessay
Natalie Dessay
Quant à Natalie Dessay, disons le franchement: elle déçoit. Récemment honorée du titre de Kammersängerin par le Wiener Staatsoper -lui même dirigé pour la première fois par le Français Dominique Meyer qui vient de triompher avec un opéra contemporain en ouverture de saison- la soprano demeure une personnalité sanguine, fougueuse, tellurique. Son énergie débordante requiert l’espace théâtral des plateaux: elle est d’ailleurs connue pour faire trembler les metteurs en scène par ses audaces interprétatives. Autant dire que le registre des vocalises doucereuses ne lui convient pas. Il finit même par lasser. Visiblement, cet exercice qui la contraint dans son corps, entrave, par surcroît, ses extraordinaires capacités vocales: au point de provoquer des erreurs de respiration et de lui faire avaler quelques notes dans la pièce de Rachmaninov. Habituellement envoûtant, son timbre de voix s’en ressent également ainsi que certaines de ses notes aiguës. On l’aurait pensé plus à l’aise dans la seconde partie, nettement plus belcantiste. Étrangement, ce ne fut guère mieux: à moins qu’il ne s’agisse d’un grave problème d’acoustique de cette salle de l’Acropolis -on le souhaite tout en le déplorant- les paroles de Manon sont restées de bout en bout inaudibles. Plus libre dans l’expressivité tourmentée et dramaturgique du « Sempre libera », Natalie Dessay termine nettement mieux qu’elle n’a commencé cette soirée. Les applaudissements nourris à la fin du spectacle n’ont pas empêché pas les moues dubitatives, voire les critiques, d’émerger à la sortie. Décidément, le rapport de la voix à la psyché chez des cantatrices à l’immense talent demeure une indéchiffrable énigme.

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